Country teacher - la critique

© Memento Films Distribution

Notre avis : Le scénario de Country teacher pourrait se résumer à un impossible triangle amoureux : une femme est amoureuse d’un homosexuel, lui-même épris du fils hétérosexuel de cette dernière. Autour d’eux gravitent des personnages complexes à l’image de l’ex-amant du héros qui s’entiche de la petite amie peu farouche du fils. Pourtant, l’essentiel de la narration ne porte pas sur la résolution de cette équation aux multiples inconnues, mais plutôt sur le rapport à la solitude que chacun représente. Dans la campagne tchèque, l’arrivée de Petr, un professeur venant de Prague, est un évènement. Sa jeunesse apporte un vent de fraicheur au village où les hommes sont déjà bien mûrs. Il représente pour Marie, qui l’héberge, l’opportunité tant attendue de sortir de la solitude - sentiment que partage également l’enseignant.

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Manifestement, Petr fuit les autres en permanence. Non qu’il les méprise, mais il ne veut pas affronter leurs regards et jugements. Incapable d’avouer son homosexualité, il se replie sur lui-même, refusant d’accorder sa confiance, parce que si attachement il y a, plus dur sera le rejet. Bohdan Slama, le réalisateur du déjà formidable Something like happiness, jamais ne l’accable ni le misérabilise. Il le montre tel qu’il est dans ses distances, d’où une mise en scène sobre favorisant les séquences longues, qui prend le temps de le découvrir et de l’apprivoiser. Nous voyons à travers les yeux de Marie qui le soutient coûte que coûte, malgré l’impardonnable trahison dont il fait preuve à son égard.

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La fidélité sans faille qu’elle lui offre est pour le professeur un exutoire qui lui permet de s’ouvrir peu à peu à la parole et au bonheur. Le verbe devient un besoin libérateur, comme pour Marie, qui dès le départ lui confie ses souffrances maritales. Il permet à leur profonde amitié de transcender leurs angoisses respectives et à aller au-delà de la grande mélancolie qui les imprègne. Interprétés par des stars du cinéma tchèque, les protagonistes, sensibles et maladroits, sont simples, à notre image. Ils font de cette œuvre, émouvante dans toute son authenticité, un vrai petit bonheur de tendresse.

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