Brève rencontre
Le 29 octobre 2011
Une fable engagée sur la responsabilité parentale, un brin didactique, mais portée d’un bout à l’autre par un scénario inventif et des acteurs convaincants.
- Réalisateur : Javier Fuentes-Leon
- Acteurs : Manolo Cardona, Cristian Mercado, Tatiana Astengo
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 23 novembre 2011
- Plus d'informations : Le site du film
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Une fable engagée sur la responsabilité parentale, un brin didactique, mais portée d’un bout à l’autre par un scénario inventif et des acteurs convaincants.
L’argument : Miguel est un jeune pêcheur, très apprécié et bien intégré à Capo Blanco, un petit village avec de fortes traditions catholiques sur la côte Nord du Pérou. Marié à Mariela qui attend leur premier enfant, il vit secrètement une histoire d’amour passionnée avec Santiago, un beau et mystérieux peintre qui habite à l’écart du village.
Notre avis : Premier film de Javier Fuentes-Leon, Contracorriente plante un décor pittoresque qui nous place d’emblée dans le registre de la fable. Tout commence donc dans un petit village de pêcheurs où Miguel est très apprécié ; Miguel dont la femme, Mariela, est enceinte, ce qui semble le réjouir si l’on en croit la séquence inaugurale. Mais ce bonheur, sans pour autant constituer une pure apparence, est insuffisant à ses yeux, et le voilà qui se réfugie entre les bras de Santiago, peintre vagabond digne d’un roman picaresque. Le jeune homme sillonne le village et les plages environnantes, appareil photo en bandoulière, suscitant la réaction hostile des habitants méfiants à l’égard de cet étranger et enclins à se replier sur leurs traditions et leurs croyances. Légèrement invraisemblable en raison de son caractère didactique, l’argument a pourtant un air de déjà-vu qui tient à la volonté du cinéaste de nous embarquer spontanément, avec une authentique sincérité, au coeur-même de sa fable. Le film nous glisse ainsi dans la peau de ses personnages masculins, parfois celle de Mariela, parfois même celle des villageois méfiants, afin d’interroger de près la question du regard, mais sans jamais imputer arbitrairement au spectateur des préjugés qu’il importerait de combattre. Car contrairement à bon nombre de films militants, Contracorriente refuse d’imposer une vision formatée de son public ou de ses personnages. Ici chacun compose avec son individualité, son humanité, malgré ses croyances, malgré son appartenance à tel ou tel groupe identitaire. Même si les villageois sont très attachés à leurs principes religieux, ils n’en sont pas moins ouverts à la souffrance du personnage de Miguel, qui comprend en retour le problème "social" posé par sa relation adultère.
Aucun des protagonistes n’apparaît alors sous un jour tragique, aux prises avec une quelconque fatalité. Le caractère utopique de l’ensemble est pleinement conservé par la légèreté et les astuces du scénario, ainsi que par le rythme enivrant qu’il met en oeuvre, comme beaucoup de jeunes films venus d’Amérique Latine (qui nous avait déjà offert avec Agua Fria une belle méditation poétique sur l’affabulation et le mensonge). "Astuce" car au centre de Contracorriente se noue un drame improbable, qui va forcer le sens de la fable en apportant une solution au conflit vécu par Miguel. Solution provisoire et miraculeuse, qui relève de l’illusion la plus parfaite. C’est seulement à la fin que le personnage se trouvera rattrapé par ses responsabilités : loin de faire oublier les drames passés et la perte de l’amant, la naissance du fils laissera alors pleinement surgir, "en différé", toute la violence émotionnelle contenue jusqu’alors. C’est dire si le film doit à sa structure originale son intensité et son intelligence, qui interdisent d’en faire une oeuvre strictement militante ou engagée de façon univoque en faveur de l’homoparentalité (entre autres thèmes abordés). Assurément, ce serait se méprendre sur le sens de Contracorriente, qui se veut avant tout une fable poétique, émouvante, humaine... à vocation universelle.
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