Austerisme
Le 23 avril 2003
De nouvelles pièces dans l’œuvre du New-Yorkais avec, à la clé, un Hawthorne étonnant.


- Auteur : Paul Auster
- Editeur : Actes Sud
- Date de sortie : 1er avril 2003

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De nouvelles pièces, pas toutes forcément nécessaires, dans l’œuvre de l’écrivain new-yorkais avec, à la clé, un texte d’Hawthorne étonnant.
Résumé : Cette suite de courts récits, articles, préfaces, réunis par Paul Auster sur le mode d’un précédent recueil intitulé Le Diable par la queue, semble d’abord un reflet de son univers romanesque. Mais peu à peu, après l’évocation de l’enfance, du hasard, de l’amitié, de la littérature et de la poésie, la fiction et la mémoire s’éloignent et ce livre prend l’aspect d’une chronique d’inquiétude : les mots d’un romancier que les terribles événements du 11 septembre auraient ramené vers les angoisses du passé. Paul Auster, qui fut considéré par la critique comme le plus français des écrivains américains, dit ici son appartenance, ses utopies, ses réticences face à la politique de G W Bush, mais aussi sa confiance et son respect pour l’humanité.
C’est l’un des avantages de l’écrivain reconnu : avoir un éditeur, qui plus est étranger, toujours avide de ses nouvelles productions. Quelle qu’en soit la portée. Ainsi de Paul Auster et son dernier recueil, Constat d’accident. Un petit livre qui rappelle dans la forme le brillant Le diable par la queue/Pourquoi écrire ?, mais moins dans le fond.
Avec ces écrits sur le 11 septembre, l’Amérique ou encore ces coïncidences qui n’en finissent pas de croiser sa route, Auster dresse un petit état de ses préoccupations, entre l’intime et l’universel. De quoi réjouir ses aficionados, sans cesse à l’affût de la moindre brique servant à la construction d’une oeuvre passionante. Mais sans doute pas assez pour transcender les autres, qui se consoleront néanmoins avec deux textes plus marquants, l’un, plein de sensibilité, sur New York vu du métro, l’autre sur le talent d’Art Spiegelman, le dessinateur de Maus.
Autre écrit austerien à débarquer en même temps chez Actes Sud : une préface à un texte méconnu de Nathaniel Hawthorne. Auster y évoque avec beaucoup de pudeur et d’admiration la vie privée de l’écrivain, s’arrêtant notamment sur ses relations avec Hermann Melville. Une jolie introduction pour ce jouissif Vingt jours avec Julian et Petit Lapin, selon papa, dans lequel Hawthorne détaille avec franchise et minutie les vacances peu reposantes qu’il passa seul avec son fils de cinq ans au cours de l’été 1951 dans le Massachusetts.
L’auteur de La lettre écarlate évoque ses journées de jeu avec celui qu’il nomme tour à tour "le vieux monsieur", "le vieux garçon" ou "le petit homme". Un bambin espiègle au babil incessant, qui fait lâcher à son père fatigué ce "Pitié ! quel homme a jamais été ainsi criblé de paroles par un enfant ?". Débordant d’amour, d’humour et d’agacement, Hawthorne, "à sa façon modeste et pince-sans-rire, écrit Auster, parvient à accomplir ce que tout parent rêve de faire : maintenir son enfant en vie à jamais".
Paul Auster, Constat d’accident, Actes Sud, 2003, 60 pages, 12 €
Nathaniel Hawthorne, Vingt jours avec Julian et Petit Lapin, selon papa, préface de Paul Auster, Hawthorne en famille, Actes Sud, 2003, 160 pages, 14 €