Le 6 juin 2019
Un film initiatique sur une certaine jeunesse délinquante, abîmée par la vie et les carences éducatives, dont les rapports de force entre adolescents racontent peut-être la violence de tout un pays, la Slovénie, à la recherche de repères et de limites. Saisissant et fort.


- Réalisateur : Darko Štante
- Acteurs : Matej Zemljic, Timon Sturbej, Gasper Markun
- Genre : Drame social
- Nationalité : Slovène
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Posledice
- Date de sortie : 26 juin 2019

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Résumé : A 17 ans, Andrej est placé dans un centre de détention pour jeunes. Il y intègre un groupe de garçons délinquants avec lesquels il se perd dans la drogue et la violence. Mais bientôt les désirs d’Andrej le rattrapent. Démasqué, il va devoir faire un choix pour rester fidèle à lui-même..
Notre avis : Ici, dans ce centre pour délinquants juvéniles où vient de débarquer le jeune Andrej, le respect, voire l’amitié, se gagnent à coup de rackets, d’intimidations, de joutes viriles et de rapports de force. Le cinéaste, Darko Štante, qui signe son premier film, connaît bien cet univers masculin difficile, puisque lui-même exerce en tant qu’éducateur, tout en s’essayant au cinéma. Il sait combien il est difficile de grandir et de résister à l’escalade de la violence, quand les repères parentaux ont manqué. Même les adultes qui tentent de rééduquer ces gosses sont totalement dépourvus en matière de réponses éducatives, à part menacer de faire appel à la police. La violence est là, irrémédiable, puissante, comme un moteur de vie chez ces adolescents, dont on pressent que le destin sera celui de la criminalité et de la prison.
- Copyright Epicentre Films
Le regard de Darko Štante n’est surtout pas celui d’un professionnel de l’éducation spécialisée. C’est d’abord celui d’un véritable cinéaste. Dès les premières séquences, il se dégage, derrière ces figures viriles, une très grande sensualité. Les relations qui se nouent entre les jeunes gens s’abandonnent à une sorte de danse de séduction, où la revendication virile est à la fois une arme et une défense contre l’agressivité des garçons du centre, mais aussi une quête de séduction. Le scénario écrit par le cinéaste lui-même échappe magnifiquement à la démonstration. Il évite les redondances verbales. Les mots sont rares. L’image, elle, contemple ces joutes masculines qui sont tout autant des opportunités à toujours plus de violence que l’expression sourde d’un désir, qui ne parvient pas à s’exprimer.
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Il faut saluer l’extrême maturité du cinéaste qui est présenté pourtant comme un professionnel des sciences humaines. Il offre un film dense, précis, formidablement écrit, qui donne à voir un sens aigu de la mise en scène et de la conduite d’acteurs. D’ailleurs, ses jeunes comédiens, et particulièrement Matej Zemljic, privilégient un jeu sincère et total. La douceur, la dureté, la froideur, la gaieté certes plus rare, la détresse sont autant d’émotions qui traversent le visage du jeune homme, sans qu’il n’ait besoin d’en faire trop. Le personnage est habité par un désir d’enfance et d’affection, et en même temps par la nécessité de devenir un adulte dur, replié sur lui-même, avant la fin de sa propre jeunesse. En quelque sorte, Conséquences raconte l’impuissance des centres de redressement slovènes à changer ces êtres blessés et à faire surgir en eux leur plus belle part d’humanité.
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Le long métrage constitue également une œuvre à l’écriture très précise. On retrouve la trace de grands films américains comme Rusty James ou La fureur de vivre qui donnaient chair à une jeunesse virile et sensuelle. La littérature d’un certain Jean Genet flotte aussi sur ce film, où l’on reconnaît la beauté perdue et mystérieuse de son Querelle de Brest, superbement mis en scène par Fassbinder. Bref, nous assistons, vraiment aux premiers pas d’un cinéaste dont l’œuvre devrait être assurément immense.
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