Conan le Cimmérien : Les clous rouges – La chronique BD

Avec Au-delà de la rivière noire, Les clous rouges constitue l’une des nouvelles les plus sophistiquées d’Howard, comme le rappelle Patrice Louinet, spécialiste de l’auteur, dans sa postface. L’adaptation, scénarisée par Olivier Vatine et Régis Hautière, offre une histoire crépusculaire et sanglante : les deux clans reclus dans une forteresse coupée du monde incarnent la déchéance d’une civilisation particulièrement cruelle. Le récit d’Howard s’inspire librement de l’image de cruauté véhiculé par les civilisations pré-colombiennes, en témoigne les noms donnés au peuple vivant dans la forteresse (« prince Olmec », « ancêtre Tlazitlans »).

Les décors et les personnages du dessinateur Didier Cassegrain intègrent parfaitement cet emprunt aux civilisations Olmèques et Mayas. Par ailleurs, l’adaptation dessinée parvient à faire ressortir l’atmosphère d’étrangeté qui se dégage du récit. Le découpage brise la monotonie du gaufrier avec de grandes cases qui rendent compte avec beaucoup de détails de la luxuriante forêt puis de l’immensité de la forteresse. L’alternance des couleurs proposée par Didier Cassegrain – vert pâle pour les rituels magique, bleu nuit pour les scènes dans les espaces déserté de la forteresse, rouge dans le cœur de la citadelle – s’avère particulièrement réussi. L’ensemble donne un récit dynamique et fluide, rythmé par des rebondissements sanglants, jusqu’au carnage final.

Glénat / Régis Hautière - Olivier Vatine - Didier Cassegrain

Récit intense et sanglant, Conan le Cimmérien : les clous rouges interroge le crépuscule d’une civilisation repliée sur elle-même. Fidèle au récit originale, l’adaptation en bande dessinée adopte une narration fluide, portée par le dessin méticuleux et le jeu de couleurs de Didier Cassegrain. Une réussite.