Le 19 février 2021
- Scénariste : Eve-Marie Gingras>
- Dessinateur : Eve Marie Gingras
- Genre : Document, Chronique sociale, Société
- Editeur : Ecosociété
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 5 août 2020
Eve Marie Gingras raconte en quelques lignes et 138 pages les raisons d’une transition vers le véganisme.
Résumé : Eve Marie Gingras ressort ses « vieux crayons » et ses « vieilles encres » pour raconter le coup de poing en plein visage qu’elle a reçu à l’automne 2011. C’est en travaillant machinalement de la viande dans sa cuisine que cette massothérapeute réalise qu’elle touche la chair morte d’un être vivant. S’en suit toute une période de réflexion sur notre alimentation, notre rapport à l’animal, mais aussi les problématiques morales et scientifiques que nos modes de consommation modernes entraînent fatalement. C’est ce cheminement qu’elle nous conte ici, répondant au passage à beaucoup de questions que se posent tous ceux qui, comme elle, s’interrogent sur l’impact de leur consommation sur le monde et les êtres qui les entourent.
À première vue, on pourrait s’attendre à un énième témoignage comme il en fleurit quantités sur le net à ce sujet à la mode. Sauf que non.
Si Comment (et pourquoi) je suis devenue végane a au moins l’avantage du médium, la bande dessinée, on est loin de pouvoir résumer l’ouvrage à cette seule qualité. Après nous avoir brièvement conté sa prise de conscience, elle décrit de manière à la fois crue et réaliste, quoique très édulcorée par le choix graphique du noir et blanc, les conditions de vie et d’abatage animales. Et c’est en grande partie la force de la BD de Gingras : parvenir à être à la fois complète, extrêmement réaliste dans ses descriptions, y compris lorsque la vérité des abattoirs est si brutale qu’on aimerait mieux ne pas la lire, sans jamais tomber dans le gore inutile ni le jugement. Le dessin est savamment dosé et ça marche.
- Eve-Marie Gingras / Ecosociété
Eve Marie Gingras parvient en moins de 130 pages à nous décrire la condition d’animal d’élevage, leur abatage, le phénomène de dissonance cognitive qui nous fait nous attendrir devant les animaux et tiquer devant un trophée de chasse mais porter des chaussures en cuir, à expliciter avec simplicité des concepts tels que le « carnisme » et le « spécisme ». Elle traite la question de la nourriture évidemment, mais aussi du cuir, de la laine, du duvet, du cirque et des animaux domestiques. Elle oppose des arguments calmes et réfléchis aux réflexions si courantes entendues par les végés (toi-même tu sais) : « tu vas manquer de fer », « les plantes souffrent aussi », « Hitler était végétarien » (spoiler alert : non). Interroge notre rapport à l’animal. L’aspect écologique n’est pas non plus oublié. Des études neurologiques et des sources précises sont citées. Des solutions proposées...
Si l’analogie entre le viol et les vaches à qui on vole leur lait fera sans doute grincer les dents de certain.e.s concerné.e.s, celle entre féminisme et véganisme paraît pertinente. Si l’auteur nous donne l’image d’une transition un peu idyllique, décrivant la savoureuse diversité des substituts aux produits animaux disponibles en magasin en oubliant d’en mentionner le prix clairement hors de portée des bourses les plus petites, si elle loue la facilité à remplacer ces produits en donnant l’exemple de la variante lait animal / lait végétal, oubliant de préciser que remplacer les œufs dans une préparation demande une gymnastique plus subtile, du temps et quelques talents culinaires... On lui pardonne aisément tant son style est fluide, simple, à la portée de tous. Son ouvrage complet et efficace. Pari réussi pour une première BD, Madame Gingras.
N’oublions pas de mentionner la préface signée par une pionnière du sujet : Élise Desaulniers.
Un livre à offrir à toute personne de son entourage, adulte ou enfant, désireuse d’informations fluides, claires et complètes sur les conséquences de ses choix alimentaires. Un livre à conseiller aussi à toute personne avide de réponse sur l’éthique de nos modes de consommation, mais rebutée face à un essai aussi complet mais dense que celui d’Ophélie Véron, par exemple.
Pour les autres, ou ceux à qui la lecture de cet ouvrage aura donné envie de pousser plus loin ses réflexions, il y justement le Végane d’Ophélie Véron, et le désormais célèbre et terriblement efficace Faut-il manger les animaux de Jonathan Safran Foer.
144 pages - 18 €
Préface de Élise Desaulniers
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Galerie photos
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