Comme une actrice - Sébastien Bailly - critique

Critique : Elle est comédienne. Elle sait endosser tous les rôles, a fortiori celui des jeunes femmes qu’elle n’est plus et que son mari, metteur en scène au théâtre, adore manifestement plus qu’elle. C’est à peu près la trame principale de ce drôle de film de Sébastien Bailly, qui permet à son héroïne de s’enfoncer dans la peau de ses concurrentes grâce à un élixir secret qu’une voyante chinoise lui a remis. Mais à la manière de Don Juan, l’envers de la jeunesse et de la séduction éternelles est pavé d’une malédiction infernale qui ne tardera pas à se retourner contre la comédienne.

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Comme une actrice est un long-métrage sorti de l’imaginaire d’un réalisateur peut-être tiraillé lui-même par l’angoisse de ne plus séduire. Cette fable contemporaine sur le jeunisme ambiant est construit à partir d’une hypothétique potion magique qui permet à la comédienne de se métamorphoser dans les personnages de son choix. On sort donc du réalisme pour se jeter dans un récit fantastique, confortablement installé dans un milieu parisien très aisé où, manifestement, la question de l’argent et de l’inflation n’est pas un sujet. L’important pour ce couple de cinquantenaires est de continuer à créer, à tourner dans des films ou sur des scènes de théâtre, quitte à tarder à signer des contrats de tournage, là où des centaines de comédiens donneraient leur âme pour être engagés par un réalisateur.

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Le film ne fonctionne pas. Pourtant, il est donné une occasion rêvée à Julie Gayet de se fondre dans ce rôle complexe. Mais toute l’énergie qu’elle déploie est ruinée par des dialogues sans queue ni tête, une fiction à la limite du ridicule. Il y a même chez Sébastien Bailly une forme de provocation sociale, tant l’argent coule à flots sans aucun frein. La fille du couple d’artistes cherche un logement parisien, juste neuf-cent euros par mois, ce qui ne semble aucun problème pour les parents, complètement envahis par leurs émois amoureux personnels. N’en déplaise au cinéma français, le bonheur n’est pas que parisien et bourgeois. L’univers feutré où le réalisateur met en scène son récit rajoute à l’agacement d’une narration qui ne tient pas la route.

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Comme une actrice créera sans doute beaucoup d’exaspération. On souffre pour les trois comédiens principaux, Gayet, Bonitzer et Biolay, qui s’agitent désespérément pour rendre crédible cette farce surréaliste.