Le 28 mars 2019
Avec un réalisme rare, la réalisatrice allemande Eva Trobisch décortique les conséquences insidieuses du déni. Un film multi-récompensé, qui dénonce sans cri ni complaisance, la violence invisible commise contre les femmes.
- Réalisateur : Eva Trobisch
- Acteurs : Aenne Schwarz, Hans Löw, Andreas Döhler
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Alles is gut
- Date de sortie : 3 avril 2019
- Festival : Premiers Plans d’Angers, Festival de Locarno 2018, Festival de Stockholm , Festival de Marrackech , Festival de Macao
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Meilleur premier film festival de Locarno - Grand Prix du Jury Meilleure actrice 1ers plans Angers - Meilleure réalisatrice et meilleure actrice Festival de Munich - Meilleure réalisatrice Festival de Stockholm - Prix spécial du Jury Meilleure actrice Festival de Thessalonique - Meilleure actrice Festival de Marrackech -Meilleure actrice Festival de Macao
Résumé : Janne est une femme moderne, éduquée, rationnelle, une femme qui réclame le droit d’être qui elle veut. Lors d’une réunion entre anciens camarades, sa vie bascule. Mais elle va persister à faire semblant que tout va bien, refuser de se considérer comme une victime et de perdre le contrôle... Jusqu’à quand ?
Notre avis : Si les films sur les violences faites aux femmes sont désormais pléthore, celui-ci a la bonne idée de choisir d’aborder le thème du viol de la manière la plus banale qu’il soit pour mieux s’interroger sur les limites de la détermination d’une femme, si habituée à gérer elle-même son destin qu’elle n’envisage pas un seul instant devoir être considérée comme une victime.
Janne est une trentenaire moderne, éduquée, rationnelle. Elle a réponse à tout, gère les problèmes et mène une vie sereine avec son compagnon. Bien sûr, comme tout le monde, elle a bien quelques failles mais a toujours appris à n’en rien laisser paraître.
Un soir, après avoir retrouvé amis et collègues autour d’un verre, elle accepte de se faire raccompagner par l’un d’eux. Il en profite pour se montrer un peu plus proche que d’habitude, elle le repousse, il fait semblant de ne pas compendre, ils se connaissent depuis si longtemps ! Et sans lutte, ni cris, il se laisse aller à ses pulsions. L’acte est minable et n’a duré que 30 secondes. Elle, dont la force de caractère est reconnue de tous, ne va pas se laisser troubler par cet événement furtif si dramatique soit-il. Pour nier cette réalité qui la gêne, elle rassemble fierté et défi, les seules armes à sa portée à ce moment-là. Elle ira même jusqu’à sourire à son agresseur lorsqu’elle le reverra sur son lieu de travail.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Installant ses propos sur une base humaine solide, loin de tout manichéisme et de tout archétype, la réalisatrice-scénariste refuse de faire de Martin l’incarnation du diable. Il est apprécié des autres, toujours poli et bien élevé. Il fait même part de son désir de venir en aide à sa victime. Martin affublé de ses valeurs morales n’a rien du prédateur sexuel tel que l’imagine le commun des mortels et c’est bien cette vision peu courante qui apporte toute son originalité à un récit qui ne s’encombre jamais des stéréotypes inhérents à ce sujet.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Le scénario bénéficie de dialogues taillés sur mesure autant que de silences évocateurs pendant que la mise en scène, parfaitement sobre s’efface au profit d’une interprétation magistrale. Empêtré dans cet acte ignoble dont il mesure peu à peu les conséquences, Martin joue la carte de la rédemption pudique, à laquelle le comédien Hans Löw prête assez de conviction pour créer une forme d’empathie inattendue. L’actrice principale, Aenne Schwarz, que l’on a pu voir en 2016 dans le film de Maria Schraders Stefan Zweig, adieu l’Europe, occupe quant à elle tout l’espace. Déployant toutes les facettes d’un jeu toujours juste, elle est fascinante d’ambiguité entre détresse refoulée et mépris affiché. Derrière son visage fier et têtu, se cache le mystère d’une femme blessée dont elle nous fait partager, sans omettre le moindre détail, les circonvolutions jusqu’à la scène finale qui, conforme à l’enfermement de l’héroïne, fait du spectateur le témoin impuissant d’une situation sans issue.
- Copyright Wild Bunch Distribution
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