Sans lumière
Le 17 novembre 2012
17 ans après, Hugo Gélin refait Les Trois Frères en remplaçant le fils rassembleur par une trépassée commune, et l’humour par de l’eau de rose fanée. Ça ne prend pas, et sociologiquement causant, les Inconnus tapent même beaucoup plus juste que la descendance de Daniel et Xavier. Douloureux.
- Réalisateur : Hugo Gélin
- Acteurs : Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, François-Xavier Demaison, Pierre Niney
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 21 novembre 2012
17 ans après, Hugo Gélin refait Les Trois Frères en remplaçant le fils rassembleur par une trépassée commune, et l’humour par de l’eau de rose fanée. Ça ne prend pas, et sociologiquement causant, les Inconnus tapent même beaucoup plus juste que la descendance de Daniel et Xavier. Douloureux.
L’argument : Depuis que Charlie n’est plus là, la vie de Boris, Elie et Maxime a volé en éclats. Ces trois hommes que tout sépare avaient pour Charlie un amour singulier. Elle était leur soeur, la femme de leur vie ou leur pote, c’était selon. Sauf que Charlie est morte et que ça, ni Boris, homme d’affaires accompli, ni Elie, scénariste noctambule et ni Maxime, 20 ans toujours dans les jupes de maman, ne savent comment y faire face. Mais parce qu’elle le leur avait demandé, ils décident sur un coup de tête de faire ce voyage ensemble, direction la Corse et cette maison que Charlie aimait tant. Seulement voilà, 900 kilomètres coincés dans une voiture quand on a pour seul point commun un attachement pour la même femme, c’est long… Boris, Elie et Maxime, trois hommes, trois générations, zéro affinité sur le papier, mais à l’arrivée, la certitude que Charlie a changé leur vie pour toujours.
Notre avis : Alors voilà, si vous êtes arrivés sains et saufs au bout du résumé officiel, sachez qu’au moins vous ne serez pas trompés sur la marchandise. Le film de Gélin, plat préparé un peu plus programmatique encore qu’un épisode de C’est pas sorcier sur la fonte des glaces, enfile gentiment toutes les perles promises avec une passion de cyborg, et prouve que faire l’amour ou son deuil à plusieurs, ça peut être particulièrement embarrassant.
© Stone Angels© Stone Angels
A vrai dire, le film n’est qu’une note d’intention d’1h44, à laquelle vient seulement se greffer un petit best-of des pires tares du cinéma label France. Au-delà d’une mise en scène absentéiste ou pensée avec les genoux, d’un road trip aussi excitant qu’un déplacement de la fédération française de bingo, d’une série de vannes émoussées depuis 1992 (la chose est censée être une comédie) ou d’un script pour feuilleton du service public qui se regarde décliner ses jolies thématiques sur la famille de cœur recomposée ou le drame comme trait d’union social avec toute l’indulgence et la passivité d’une mère aveugle, Comme des frères passe surtout à côté de ses personnages, ce qui est quand même le plus grave pour un projet tout tremblant de légitimité philanthropique.
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Il est strictement impossible de croire aux inimitiés ou à la complicité nouvelle de trois hommes-fonctions qui ne tiennent déjà pas debout individuellement. Baignés dans un monde de poncifs approximatifs (le business man qui ne sait pas aimer, la faute à papa, l’égoïste bohème qui fuit la paternité comme le codevi, et le jeune chien fou qui cumule candeur et détresse affective), trempés dans un pseudo-naturalisme qui n’a jamais mis un objectif dehors, soudés au scotch discount par des fêlures familiales bien pratiques et, bien entendu, la mort fondatrice de leur dénominateur commun, Demaison, Duvauchelle et Niney se débattent pour débusquer l’épaisseur de leurs hommes d’emprunt sous une couche de fond de teint périmé qui ne cache rien de plus que de petits vides et une grande défaite de l’écriture. Ni les 22000 flashbacks-béquilles employés pour montrer l’avant, le pendant et l’après Charlie, ni les faux conflits générationnels (à peu près contenus dans le fait que les quadras jouent au flipper, eux), ni les dialogues mal cuits, et ni les petites fantaisies accessoires pour retraités bourgeois en mal d’interdits (les cendres de Charlie dans un sac-peluche…) ne viendront sauver le film de Gélin du naufrage humain et artistique qui le guettait dès sa première séquence. Et si le réal de 32 ans a le temps de se relever, on vous conseille de ne pas gaspiller le votre en salle.
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laetcalca 9 novembre 2012
Comme des frères - la critique
Profonde amertume en lisant cette critique. Vu en AP à UGC Ludres, film touchant, généreux et étincelant(certainement pas sans lumière !).A répondu à toutes mes attentes. Une réalisation digne des Grands du Cinéma Français (la scène où la caméra tourne autour de Mélanie Thierry nous plongeant dans ses pensées remplies d’inquiétude et de tristesse... je n’en citerai pas plus : le public doit les découvrir).Mise en scène soignée !Scénario original ! A rendu un sujet si douloureux et sombre, merveilleux !On s’attache aux personnages et à leur histoire.Délivre un superbe message d’amitié.Paroxysme de l’amitié et de l’amour !On vit leur amitié exponentielle et inextinguible. On découvre au fil des scènes la personalité de chacun ! Le réalisateur nous mène à leur toute première rencontre.Choix des premiers rôles et second rôles exceptionnel (cuvée qui est et deviendra millésime !). Nicolas Duvauchelle est simplement parfait (mais bon c’était à prévoir !) et confirme encore une fois (Les yeux de sa mère, La fille du puisatier, Parlez moi de vous) qu’il n’est pas qu’une force physique et qu’une belle gueule.Il est touchant, généreux et dégage de la tendresse ! Après l’avoir vu de très près, je peux vous dire qu’il n’est pas recouvert de fond de teint !Pierre Niney émeut et François Xavier Demaison enchante.De nombreuses répliques qui deviendront cultes ! Un grand merci au réalisateur pour son 1er long métrage !Véritable petite merveille !A voir et à revoir sans hésiter !
manuelgelin 20 novembre 2012
Comme des frères - la critique
Je trouve cette critique profondément injuste et excessive.
celine 5 décembre 2012
Comme des frères - la critique
En vous lisant, j’ai eu la sensation de n’avoir pas vu le même film que vous. Peut être est ce une question de sensibilité, d’humanité ou de caractère...Pour ma part, j’ai vu et revu ce film qui pour moi est un des bijoux de 2012, qui plus issu d’une culture cinématographique bien ancrée dans notre temps et notre société.
J’ai trouvé qu’Hugo Gélin avait un ton juste, une vision différente des films de "potes" dont on nous abreuve ces derniers temps. Il y a ici une connivence, une authenticité que j’ai rarement trouvé auparavant.
Les 3 acteurs, les frères, sont surprenants mais finalement parfaitement crédibles. C est souvent dans l’inattendu que se dégage le vrai et le profond. La complicité qui les unit, la luminosité de Mélanie Thierry ainsi que la caméra pertinente de Monsieur Gélin font de ce film un road movie étonnant, touchant et pour moi en tout cas inoubliable.