Coffret Alexander Mackendrick - le test DVD

Les films : Les deux œuvres des années 50, Mandy, crash of silence et The Maggie appartiennent à deux genres différents, le drame et la comédie, et constituent des modèles d’un style sobre et débarrassé de sentimentalisme. On sourira des péripéties du navire en bout de course, on souffrira avec la petite sourde-muette dont le film relate la libération progressive. Dans les deux cas, le regard porté sur l’enfance se situe aux antipodes d’une mièvrerie traditionnelle.

Mandy :

The Maggie :

Reste l’inconnu Sammy going south (1962), qui n’a apparemment connu de diffusion en France que dans le cadre d’une rétrospective à la cinémathèque. Le début en est fulgurant, avec la mort des parents évoquée par une remarquable utilisation du scope qui définit un espace horizontal correspondant à la vision enfantine. La suite, c’est à dire l’odyssée de Sammy à travers l’Afrique, est plus inégale, selon des rencontres qui ne souffrent aucune complaisance. Jamais Mackendrick ne cède au dépliant touristique ni à la mièvrerie. La dureté du monde des adultes n’est pas cachée et le cinéaste s’intéresse moins aux péripéties qu’aux personnages et à leurs relations avec le garçon, parfaitement incarné par un jeune acteur convaincant. Quant à l’apparition de ce bon vieux Edward G. Robinson, elle vaut à elle seule le détour, tant le comédien et la mythologie qui l’accompagne enrichissent un film déjà séduisant.

Au bout du compte, avec ces trois métrages passionnants, on aura une idée assez large des possibilités d’un cinéaste mésestimé, à la palette étendue et à la mise en scène rigoureuse, qui, même dans une comédie, n’est jamais loin du drame et du sens de l’absurde inhérent à la vie.

Les suppléments :
Certes, il y a des galeries photos, mais le bonus majeur, c’est l’entretien avec Charlotte Garson, qui, en 1h10, réussit le tour de force de faire le tour de la carrière de Mackendrick et de s’attarder sur les trois films du coffret. On apprendra beaucoup en l’écoutant, depuis des informations factuelles (le rôle du cinéaste dans la production de Rome ville ouverte, par exemple) jusqu’à des analyses thématiques et stylistiques d’une grande finesse. Son approche des héros de Mackendrick, des immatures souvent ambigus, son étude sur le cadre dans Mandy, sa recension des influences de Sammy sont particulièrement éclairants. Par ailleurs, un livret informatif accompagne le coffret.

L’image :
Quelques menus défauts (plans à la définition insuffisante, rares parasites) n’empêchent pas les copies d’être globalement propres. Le noir et blanc bénéficie de contrastes convaincants ; la couleur a un peu moins bien vieilli, mais vu l’âge du film, le résultat est largement satisfaisant.

Le son :
Là non plus, rien de rédhibitoire, même si le son est parfois étouffé : les dialogues sont clairs, ni scories ni souffle.