Le 4 avril 2023
Une œuvre dense, parfois crue, baroque, qui montre quelles que soient les générations, l’indicible cruauté de l’existence confrontée à la solitude et aux illusions perdues.
- Réalisateur : Leonardo Brzezicki
- Acteurs : Leonardo Sbaraglia, Miranda de la Serna, Eva Llorach, Iván González
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Espagnol, Brésilien, Argentin, Néerlandais, Chilien
- Distributeur : Optimale Distribution
- Durée : 1h52mn
- Titre original : Errante corazón
- Date de sortie : 5 avril 2023
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Résumé : Santiago, un père gay, est à un tournant de sa vie. Sous le choc d’une rupture amère, il est également confronté au départ imminent de sa fille Laila, avec qui il entretient une relation fusionnelle. Cette séparation brutale est le détonateur qui va pousser ce chef cuisinier couronné de succès à déambuler entre anciens amants, chemsex et plans à trois pour essayer de combler son manque affectif.
Critique : Il y a ces soirées excessives où, après l’alcool, les êtres qui peuplent ces nuits sont ramenés à leur solitude, et ces fêtes où le sexe ne parvient pas à conjurer le sentiment d’isolement, le temps qui passe et le sens de l’existence qui s’effrite. Cœur errant est une œuvre douloureuse, profonde, habitée par des hommes, généralement homosexuels, ne parvenant pas à se construire une histoire qui ne s’abrite pas derrière la peur de vieillir ou de manquer d’argent et de désir. En ce sens, il s’agit d’un film écrit dans la pure décadence qui semble hanter nos sociétés contemporaines. On fait l’amour dans une seule logique consumériste et on se perd dans des destins contrariés, empêchés par la peur de soi et des autres.
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Santiago est le héros de cette fable moderne. Il ne sait pas ce qu’il veut, s’abîmant dans une sexualité compulsive pour ne pas perdre pied avec lui-même. Sa fille grandit et s’apprête à prendre son envol, pendant que ses amants d’un jour ou d’une vie refusent l’amour qu’il a à leur offrir. Cœur errant est un long-métrage bavard au service d’une fiction sur des identités qui se brisent. La mélancolie constitue le thème central de ce récit urbain et contemporain avec, en fond d’écran, une musique classique qui appuie le désarroi ordinaire des protagonistes. À cette vision tragique du monde, s’ajoute une situation économique argentine en pleine débâcle avec son lot d’inflation, de hausse du chômage. Le sexe, l’alcool, la fête apparaissent comme les seuls paravents contre le déclin de soi et du monde.
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Leonardo Sbaraglia occupe le devant de la scène de façon quasi permanente. Le jeu du comédien est sensible, puissant, parvenant à illustrer à la fois le besoin du héros à trouver du sens à sa vie et son irrésistible attrait pour la désinvolture. Il y a dans les intentions du réalisateur une pathologisation du réel où les êtres s’égarent dans la compulsion pour échapper à leurs tourments profonds. En même temps, Leonardo Brzezicki s’attache à montrer ô combien cette perte de repère, de sens constitue un enjeu majeur de nos sociétés capitalistes modernes, au risque sans doute d’un certain misérabilisme, voire une certaine complaisance. Néanmoins, le propos demeure hélas d’une véritable actualité.
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Il faudra sans aucun doute dépasser la crudité, voire le voyeurisme de certaines scènes pour parvenir à ressentir l’effroi du personnage principal confronté à son vieillissement, la solitude et la perte de sens. Plus largement, il faut voir dans ce film une métaphore tragique de l’effondrement des sociétés capitalistes.
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