Le 5 décembre 2017
Un premier long-métrage maîtrisé et sensible, qui nous plonge dans un univers mêlant poésie et science-fiction. À ne surtout pas laisser au placard !
- Réalisateur : Stephen Dunn
- Acteurs : Connor Jessup, Aaron Abrams, Aliocha Schneider
- Genre : Drame, Fantastique, LGBTQIA+
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : Optimale Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 13 décembre 2017
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Résumé : Jeune garçon solitaire et créatif, Oscar est témoin d’un meurtre à caractère homophobe dans le cimetière de la petite bourgade où il vit. Les années passent et il grandit dans le souvenir de cette expérience traumatisante et un sentiment d’abandon généré par le départ de sa mère et une relation tendue avec son père. Grâce à son imagination Oscar parvient peu à peu à faire face à ses démons. Il déniche un premier emploi dans une quincaillerie où il fait la connaissance de Wilder, un garçon de son âge libre et rebelle. Les deux adolescents se lient d’amitié, mais les sentiments d’Oscar pour Wilder deviennent ambigus.
Notre avis : Âgé de seulement 28 ans, le jeune réalisateur canadien Stephen Dunn suit les traces de son compatriote Xavier Dolan, avec un cinéma d’auteur talentueux, et surtout tortueux. Toutefois, il aura fallu à sa bête de festival, Closet Monster, près de deux ans, pour enfin trouver la voie des salles obscures en France.
Avec une sortie proche des Fêtes de fin d’année, le conte est bon, mais n’est pas là pour susciter allégresse et joie de saison. Et pour cause, le cinéaste s’est inspiré d’un fait divers macabre de son enfance, comme une sorte de douloureuse mise en abîme. Dans le film, Oscar est, dans sa jeunesse, le témoin d’une attaque à caractère homophobe, à laquelle succède le départ de sa mère du domicile conjugal. Un double choc qui va pousser ce rêveur né à voir en son petit rongeur de compagnie un ami et une source de créativité. La poésie et l’imaginaire comme moyens de survie.
Très vite, le jeune garçon devient un adolescent esseulé au père possessif. Livré à son imagination débordante, il envisage dans ses songes de rejoindre une école de maquillage de cinéma, à New York, loin des esprits étriqués de sa bourgade. Mais sa solitude va s’épanouir au contact de Wilder, jeune esprit libre de Montréal, qui va l’intriguer et l’obliger à se poser des questions sur ses envies et ses désirs. Leur amitié lui ouvre les yeux sur lui-même et le monde qui l’entoure.
Une énième quête d’identité ? Oui, mais de celle qui nous prend aux tripes, dès le début. Le rythme lent et ouateux du cinéma indépendant confère au moindre détail l’importance qui frappe les esprits des enfants à jamais. De belles notes de piano mélangées à quelques sons « électro » accompagnent l’esprit torturé du jeune blondinet qui habille son temps à confectionner des maquillages morbides de films d’horreur, dans sa cabane suspendue à un arbre, en compagnie de sa souris douée de parole. L’esprit de Donnie Darko veille sur le film.
Petit à petit, les scènes métaphoriques plus sombres prennent de l’ampleur à mesure que le jeune homme accepte de se confronter aux traumas d’enfance afin de rassembler les pièces du puzzle.
L’écriture astucieuse nous égare dans de sublimes scènes de démence où l’imagination se heurte de plein fouet à la réalité, et où la souffrance prend une ampleur qui n’est pas sans nous rappeler certaines scènes du génialissime Black Swan de Darren Aronofsky.
Fort de ses petites touches d’émotion, le drame lunaire resplendit de son casting. Connor Jessup est touchant dans son rôle d’adolescent renfermé, replié sur lui-même et débordant d’imagination qui n’a d’autre choix que de s’assumer. Aaron Abrams est lui aussi hypnotique en père bipolaire dont l’égoïsme va rendre la vie de son fils impossible. Le chanteur Aliocha Schneider, qui joue le rôle de Wilder, intrigue tout autant que son compagnon de jeu dès les premières minutes grâce à son charisme naturel. Isabella Rossellini, quant à elle, apporte sa pierre à l’édifice dans un rôle inattendu : l’égérie de Blue Velvet double Buffy, la souris à la voix imaginaire.
Le drame familial aurait pu être banal, mais grâce à un mélange de genres savamment orchestré et une sensibilité exacerbée, il impose le jeune réalisateur Stephen Dunn comme l’un de ces noms que l’on ne souhaite pas voir cloîtré au placard du 7e art. Le monstre est lâché.
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