Clara - la critique

Romance historique sur la vie sentimentale de Clara Schumann et son fou de mari, le grand compositeur Robert Schumann, Clara signe le retour de la talentueuse réalisatrice de Allemagne mère blafarde pour un film d’amour à mort, bancal mais personnel.

L’argument : Après de nombreuses tournées en Europe, Robert et Clara Schumann reviennent en 1850 à Düsseldorf, où Robert doit prendre la direction musicale de l’orchestre de la ville. Cette période, qui verra la naissance de la Troisième symphonie dite rhénane (Die Rheinische), n’est pourtant pas si heureuse. Le compositeur Johannes Brahms, de quatorze ans plus jeune, entre dans la vie du couple et tombe amoureux de Clara. Lorsque Robert Schumann, psychiquement atteint, veut se suicider, les trois musiciens virtuoses traversent une crise difficile...

Notre avis : Au même titre que Milos Forman avec Amadeus, Helma Sanders-Brahms tente la reconstitution d’une période musicale en s’attachant à la biographie chaotique de quelques grandes figures de leur époque. S’attachant à décrire le triangle venimeux qui reliait Robert Schumann et son épouse Clara, au jeune Johannes Brahms, la réalisatrice joint les grandes notes de musique aux tempêtes qui animent ces trois personnalités. Basant l’essentiel du récit sur la relation entre la femme du musicien et le jeune Brahms, la réalisatrice construit avec les moyens du bord un film intimiste, imprégné de simplicité. L’hommage modeste aux œuvres emblématiques de ces génies (la Symphonie de Schumann et le Concerto pour piano de Brahms...) parvient difficilement à donner chair aux tumultes et à la folie croissante qui s’immiscent dans ce triangle malmené.

© Bodega Films

Helma Sanders-Brahms ne semble qu’effleurer son sujet, achevant chaque scène sans jamais chercher à en exploiter le potentiel émotionnel. A force de retenue et de lenteur, l’émotion meurt à l’état d’embryon. Il en résulte une œuvre close, parfois ennuyeuse, qui se niche dans l’intimité d’une caméra rarement motrice. Heureusement l’interprétation épatante de Pascal Greggory dans le rôle d’un Robert Schumann qui sombre dans une folie aussi glaçante que drôle relève le niveau du métrage vers le haut ; il écrase par la même occasion la fadeur du jeune Malik Zidi, étrangement transparent dans le rôle de Brahms.

© Bodega Films