Chaleur nocturne et dolce vita
Le 29 mars 2015
La douce folie d’une nuit d’été romaine dans un petit film attachant qui n’a pas trop à rougir du rapprochement avec l’univers fellinien.
- Réalisateur : Leopoldo Trieste
- Acteurs : Rina Morelli, Henri Vilbert, Antonio de Teffè (Anthony Steffen), Adriana Asti, Leopoldo Trieste, Ivo Garrani, Corrado Pani, Riccardo Fellini, Attilio Zago
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h32mn
L'a vu
Veut le voir
– Sortie en Italie : 10 mars 1958
La douce folie d’une nuit d’été romaine dans un petit film attachant qui n’a pas trop à rougir du rapprochement avec l’univers fellinien.
L’argument : A Rome, durant une nuit d’été, une troupe théâtrale répète un spectacle dans l’entrepôt d’un riche négociant de fruits et légumes dont la fille de quinze ans, Marina, est amoureuse d’ Alberto, l’acteur pricipal, un piètre Don Juan prêt à tout pour devenir célèbre.
Celui-ci fait semblant, par intérêt, d’être sensible aux avances de Marina mais a une liaison avec Lidia, une voisine de la jeune fille, fille d’un célèbre médecin, et également membre de la troupe.
Lorsque le père de Marina refuse de laisser sa fille accompagner la troupe dans une tournée qui serait financée par lui, Marina se réfugie chez Alberto mais celui-ci repousse clairement ses avances devenues trop pressantes. Elle s’enfuit puis lui téléphone d’un bar pour annoncer son intention de se suicider.
Notre avis : Tournée en 1956 mais sortie en Italie début 1958, cette première des deux réalisations de Léopoldo Triste, dramaturge et acteur (révélé en 1952 par son rôle de marié ahuri dans le merveilleux Lo Sceicco bianco) est parfois considérée comme annonciatrice de La dolce vita et donne effectivement, par son sujet et par le vent de douce folie qui la traverse par moments , un avant-goût du film que Fellini consacrera peu de temps après à la Rome effervescente de la fin des années cinquante ; une proximité que renforce évidemment la présence au générique du musicien Nino Rota, ainsi que celle, dans un rôle épisodique, de Riccardo Fellini, frère de Federico.
- Città di notte - Leopoldo Trieste - Trionfalcine 1956-58
- Città di notte - Leopoldo Trieste - Trionfalcine 1956-58
Vif, acerbe, souvent drôle, émouvant par moments et fourmillant de détails savoureux et finement observés, le film souffre de reposer sur les frêles épaules d’une protagoniste adolescente au charisme limité (Patrizia Bini, qu’on peut même trouver franchement agaçante, l’inévitable doublage n’arrangeant évidemment rien) et sur des rouages scénaristiques laborieux, un brin mécaniques, jouant de manière convenue sur l’opposition entre valeurs bourgeoises et bohème artiste.
Trieste, qui est également auteur du scénario et des dialogues, lâche un peu trop la bride à ses acteurs enclins à un sympathique cabotinage et sa mise en scène fait montre par moments d’un brio légèrement trop ostentatoire (la scène d’ouverture très mélodramatique dont on découvre après-coup qu’elle appartient à la pièce que la troupe est en train de répèter) qui séduit néanmoins, tout comme la manière dont, assisté à la photo par le grand Mario Bava, il réussit à capter l’atmosphère de cette chaude nuit d’été et sait donner vie à sa suite de saynètes aigre-douces (les multiples rencontres au gré de l’errance nocturne de la jeune fille ; le marchand de fruits et légumes égaré au milieu de la faune bohème du centre culturel) et à une attachante galerie de personnages épisodiques, pathétiques ou farfelus : l’actrice solitaire et un peu folle, qui hêle les passants depuis sa fenêtre et sait qu’elle aura la fièvre demain (Adriana Asti, dans un de ses premiers rôles au cinéma) ; le jeune peintre allemand réduit à exposer hors saison qui éteint la lumière et va se coucher après le départ du dernier visiteur ; le vieux couple de danseurs repartant en Rolls avec chauffeur après une improbable représentation.
- Città di notte - Leopoldo Trieste - Trionfalcine 1956-58 - Adriana Asti
- Città di notte - Leopoldo Trieste - Trionfalcine 1956-58
On voit qu’une bonne dose de mélancolie, voire d’amertume, colore de gravité cette agréable comédie qui n’atteint pas les sommets felliniens mais n’a pas trop à rougir du rapprochement avec les films du maestro.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.