Chroniques de l’île perdue - La chronique BD

Ne vous laissez pas abuser par la petite taille des personnages, leur aspect animalier ou les yeux rouges de l’ennemi. Les petits personnages peuvent faire les grandes histoires. Pourtant, avec son apparence fragile, ses plages et ses montagnes alliant féerique et cauchemardesque, son histoire au bord du rêve, l’Île perdue semble avant tout être destinée aux enfants. Effectivement, son atmosphère a bien un côté enfantin, puisque les deux héros, deux frères séparés par les éléments, connaissent des périples, des dangers, et des épreuves. Ombres en forme de loups, doudous possédés, parents disparus forment un ensemble logique, mais quelques fissures laissent entrevoir un fond plus épais, plus dur aussi. Car cette histoire raconte bien quelque chose de l’ordre du traumatisme, la mort d’un animal de compagnie, la mise au placard brutale d’un enfant, quelques situations qui paraissent sans importance mais qui peuvent justement en avoir aux yeux de certains. Et ce regard à la fois tendre et grave sur ce qui peut marquer est clairement la force de cet album.

© Soleil

Pour ce qui est du dessin, pas besoin de redire que les petits personnages ont un charme enfantin, mais plutôt d’insister sur le côté oppressant qui gagne peu à peu chaque parcelle de l’île, le petit train devenant par exemple une allégorie du passeur Charon plutôt que le charme de l’excursion en montagne façon Artouste. Quelques touches de couleurs, jamais totales, jamais marquantes, imprègnent les pages, le bleu à la montagne, le jaune dans les cavernes, pour ne jamais tomber dans le lugubre, toujours respecter cette atmosphère d’enfance, de passé un peu flou et un peu fou qui fait le charme de ces chroniques.

© Soleil

Charmant tout en étant assez riche en émotions et surprises, les Chroniques de l’Île perdue ont une couverture et un sujet digne d’un excellent conte pour enfants, mais possède bien d’autres qualités qui lui permettent de toucher toutes les bibliothèques.