Le 25 mars 2018

- Genre : Cinéma
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Dune lecture aisée, ce court essai donne une très bonne vue d’ensemble d’une œuvre en cours.
Notre avis : Avec dix longs métrages au compteur, Christopher Nolan s’est imposé, qu’on l’apprécie ou pas, comme un cinéaste ambitieux dont chaque œuvre est attendue et suscite de nombreux commentaires. Il revient à Timothée Gérardin de trouver, dans un petit livre aussi concis que riche, la cohérence d’un ensemble à première vue disparate. Fort d’une belle connaissance des films (il n’y a pas ou très peu d’apports biographiques), il décline en thèmes forts une analyse des plus limpides, sans jargon excessif ni cumul de références, ce dont on lui sait gré. Certains de ses rapprochements sont osés (Minnelli, par exemple), d’autres plus attendus (les Wachowski), aucun n’est gratuit ; ils concourent à densifier une réflexion qui n’a déjà rien de sommaire.
Voguant d’un film à l’autre, T. Gérardin cherche une unité à travers des propositions fécondes (le rôle des objets, les fonctions du montage, voire, de manière plus surprenante, la position politique du réalisateur), ce qui occasionne quelques bonheurs d’écriture. On ne résiste pas ici au désir de citer deux phrases : « […] le plaisir double des films de Nolan, qu’on voit une première fois pour les croire, et une seconde fois pour les comprendre » (p. 59) et « Les personnages de Nolan sont des sédentaires contrariés [...] » (p. 83). Deux formules ramassées qui en disent long …
Certes, on ne suivra pas l’auteur sur tout : le thème de la gravité terrestre nous semble d’une importance un peu exagérée et, quant à l’émotion qu’il trouve dans les longs-métrages, elle se réduit souvent pour nous à quelques clichés imposés. De même, mais là n’était pas son propos, on reste un peu sur sa faim en ce qui concerne la mise en scène. Qu’importe, l’essentiel est ailleurs, dans une analyse raisonnée et souvent pénétrante, qui accumule les trouvailles : voir la trilogie Batman comme les phases d’un tour de magie, s’interroger sur la duplication ou la création de « mondes autonomes », bâtir des ponts solides entre les dix films, voilà une ambition qui fait de ce livre dense une excellente vision d’ensemble. Même pour ceux qui jugent Nolan trop sérieux ou emphatique, il y a suffisamment matière à réflexion pour s’engager dans cette lecture jamais aride.
Broché : 160 pages
Éditeur : Playlist Society (1 mars 2018)
Collection : Essai / cinéma
Dimensions : 18,3 x 1,1 x 14 cm