Chiara Rosenberg et autres gourmandises - Celestino Pes, Roberto Baldazzini - La chronique BD

Critique : Cette réédition devrait plaire aux amateurs de l’œuvre de Baldazzini, ne serait-ce que pour cette couverture dorée, avec cette héroïne au regard ambigu et pénétrant, délicate dans ce noir et blanc, qui fait d’ailleurs oublier que les planches intérieures sont colorées. Pour le scénario, si l’érotisme est forcément mis en avant, avec cette tendance sadomasochiste toujours limite, il faut rappeler que c’est bien une histoire d’infidélité, de passion et de jalousie qui se dessine à travers une femme tour à tour maîtresse et épouse, forte et faible par moments, libre mais pas totalement, une femme qui se cherche, entre bourgeoisie feutrée et âme photographiée. Enfin, il ne faut pas oublier ce lien avec la religion, catholicisme et judaïsme cohabitant et refluant leur culpabilité originelle, cette vision du péché sans cesse croqué et absous.

© Delcourt / Baldazzini

Le dessin incarne une époque et une certaine idée de la BD érotique. Ce style italien est une empreinte, celle d’une époque, et l’héroïne éponyme peut se flatter d’en être une égérie. Avec sa coupe à la garçonne, c’est un tempérament de feu qui est mis à l’honneur. Avec sa lingerie, c’est une image d’Épinal de la sensualité féminine qui est ici mise en valeur. Sachant qu’elle n’est plus d’actualité aujourd’hui, cette image clichée est donc désormais gravée, et Chiara Rosenberg est ainsi entrée dans l’histoire de la BD.

© Delcourt / Baldazzini

Incontournable œuvre érotique, cette réédition est l’occasion de découvrir ou re-découvrir un classique de la littérature, emblème d’une époque révolue mais assurément avant-gardiste.