Le 21 octobre 2022
Un cinéaste, qui se rend en Afrique pour un tournage, semble plus intéressé par la perspective d’un safari. Clint Eastwood poursuivait à l’époque son ascension vers le statut d’auteur reconnu, tout en rendant hommage à John Huston.


- Réalisateur : Clint Eastwood
- Acteurs : Alun Armstrong, Clint Eastwood, Marisa Berenson, Jeff Fahey, George Dzundza, Richard Vanstone
- Genre : Comédie dramatique, Aventures
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h52mn
- Titre original : White Hunter, Black Heart
- Date de sortie : 16 mai 1990

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Résumé : Au début des années 1950, le scénariste Peter Verrill (Jeff Fahey) rend visite dans son château au cinéaste John Wilson (Clint Eastwood). Le producteur Paul Landers (George Dzundza) leur a proposé de travailler ensemble sur un film d’aventures qui se déroule en Afrique.
Critique : Le scénariste Peter Viertel participa à l’écriture de African Queen du cinéaste américain John Huston (1951). Viertel, qui avait suivi le réalisateur en Afrique pour travailler avec lui, fut très surpris que celui-ci soit plus intéressé par la perspective d’un safari que par le tournage de son film. Il en écrira un livre : Chasseur blanc, cœur noir, qui sortira en 1954.
Plus de trente-cinq ans après, Clint Eastwood décide de l’adapter et d’interpréter lui-même le cinéaste rebaptisé John Wilson. En réalisant et en jouant ce personnage mégalomane, incontrôlable, mais intègre et au-dessus des diktats hollywoodiens, Il cherchait à montrer à cette époque qu’il était un auteur à part entière, et non pas uniquement l’honnête faiseur que l’on voulait bien reconnaître. La mue, qui consistait à casser cette image, associée à celle de dur à la gâchette facile, avait déjà été entamée avec les personnages fragiles qu’il interprèéa notamment deux de ses films, Bronco Billy et Honky Tonk Man, et avec le biopic Bird sur le saxophoniste Charlie Parker, qu’il venait de réaliser (sans y jouer).
Le récit, qui va suivre les péripéties en Afrique tragico-comiques qui vont retarder le premier tour de manivelle, permettent au réalisateur/acteur de proposer un personnage, encore une fois totalement différent des précédents : hâbleur, bon vivant et cherchant en permanence à séduire son auditoire.
Il développe aussi d’autres objectifs, et non des moindres, qui consistent à s’opposer à toute forme de racisme et à cantonner l’usage de la violence à des fins exclusivement fictionnelles : une bagarre à mains nues un peu clownesque et un tir qui ne partira jamais.
On peut regretter que les seconds rôles soient si peu développés. Ainsi, le personnage de l’actrice principale du film en tournage, interprété par Marisa Berenson, est malheureusement presque inexistant.
Toujours emprunt de dérision et d’autodérision, ce film, rarement cité, est aussi un hommage à John Huston, l’un des modèles du Clint Eastwood cinéaste.
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