Brûlez jeunesse
Le 20 septembre 2006
Suffisamment malin pour déjouer les pièges mais pas assez subtil pour apporter un éclairage nouveau, Chacun sa nuit parvient à convaincre par la sincérité touchante qui s’en dégage.
- Réalisateurs : Jean-Marc Barr - Pascal Arnold
- Acteur : Lizzie Brocheré
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h35mn
Suffisamment malin pour déjouer les pièges mais pas assez subtil pour apporter un éclairage nouveau, Chacun sa nuit parvient à convaincre par la sincérité touchante qui s’en dégage.
L’argument : Pierre et Lucie sont frère et sœur, vivant entre leurs études, leurs amis d’enfance, leur groupe de rock, leurs histoires d’amour... Pourtant un soir, Pierre ne rentre pas chez lui. Lucie et sa mère s’inquiètent. La police finit par découvrir son corps sans vie. Pierre a été battu à mort.
Notre avis : Filmer la jeunesse, éternel défi posé au cinéma. La Nouvelle Vague y était parvenue à force de spontanéité calculée (Godard) et d’effronterie espiègle (Truffaut). Pourtant, malgré d’éclatantes réussites, il manque toujours quelque chose. Une sorte de vérité fondamentale qui échapperait à la représentation cinématographique. Filmer la jeunesse, un univers truffé de symboles et d’impasses, relève du pari de mise en scène. Que Jean-Marc Barr et Pascal Arnold s’y collent, après une série d’ovnis cinématographiques estampillés Dogma n’a donc en soi rien d’étonnant.
La proposition filmique des deux cinéastes est convaincante. Partir du fait divers pour interroger la dépendance au collectif. Un parcours délicat, parfois à la limite de la naïveté. Ces jeunes-là traînent en bande, font du rock, ne se quittent pas. Les rapports de force et de fascination évoquent une vision un brin fantasmée, pas toujours crédible. Pourtant, on ressent assez clairement le soin apporté à l’écriture du scénario. L’enquête est soigneusement évacuée à la périphérie, histoire de ne pas obscurcir le propos, qui se situe ailleurs, dans une certaine volonté d’interroger les corps, de comprendre la cause de cet attachement fusionnel. Si le film y parvient si bien, c’est en grande partie grâce à sa direction d’acteurs. Habités et fragiles, ceux-ci jouent juste, tout simplement, ce qui n’a rien d’évident quand il s’agit d’adolescents. A ce titre, Lizzie Brocheré est particulièrement remarquable de détermination inquiète. Et puis il y a cette faculté, rare et précieuse, de faire dialoguer le monde des vivants et celui des morts. Comme chez Civeyrac, le récit se construit alors en plusieurs strates, la grâce surgit lorsqu’on s’y attend le moins, ne serait-ce que pour un très court instant. Dans la nuit de la salle de cinéma, le film brille d’une lumière faible. Mais persistante.
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