Le 24 février 2013
- Acteur : Jean-Louis Trintignant
- Festival : Les César 2013
L’acteur d’Amour a enfin obtenu la reconnaissance de la profession aux César. aVoir-aLire revient sur la carrière exceptionnelle de Jean-Louis Trintignant.
Jean-Louis Trintignant a enfin reçu un César, après avoir été nommé quatre fois ces dernières décennies : dans la catégorie du meilleur acteur, il avait été cité pour Trois couleurs : Rouge et Fiesta ; dans celle du meilleur second rôle, ses interprétations avaient été remarquées pour La femme de ma vie et Ceux qui m’aiment prendront le train. L’acteur fut battu par Gérard Lanvin, Michel Serrault, Pierre Arditi et Daniel Prévost. Le théâtre l’a beaucoup plus accaparé depuis les années 90. On a pu l’admirer ainsi dans Arts de Yasmina Reza, Poèmes à Lou d’Apollinaire (avec sa fille, Marie Trintignant dans une mise en scène de Samuel Benchetrit), ou bien plus récemment dans le splendide Poètes libertaires, d’après Desnos, Prévert et Vian. La scène a toujours été sa passion, lui qui fut un éblouissant Hamlet et mit son beau timbre de voix et sa prestance au service des écrits de Ionesco, Claudel et Giraudoux. Mais c’est le cinéma qui lui a conféré une notoriété auprès du grand public. Jeune premier des années 50 et 60 et star des années 70, l’acteur a souvent opté pour des choix exigeants.
Si le célèbre Et Dieu créa la femme (R. Vadim, 1956) le propulse vedette, c’est le cinéma italien qui lui donne ses plus beaux rôles dans la première décennie des années 60 : il est ainsi le jeune homme amoureux dans Été violent (V. Zurlini, 1959), ou l’étudiant charrié par Vittorio Gassman dans Le fanfaron (D. Risi, 1962), sommet de la comédie italienne. En France, il connaît un triomphe en 1966 en étant dirigé par Claude Lelouch dans Un homme et une femme et il séduit les cinéphiles grâce à Eric Rohmer qui lui confie le rôle de l’ingénieur catholique dans Ma nuit chez Maud (1969).
Il enchaîne alors les succès et obtient le prix d’interprétation au Festival de Cannes 1969 pour son rôle du juge d’instruction dans Z, de Costa-Gavras. Ce film marque sa collaboration à un certain cinéma politique de l’époque, ce qui lui vaut d’être dirigé par Bernardo Bertolucci dans Le conformiste, en 1970, d’après Moravia : sa composition d’un responsable fasciste hanté par de vieilles culpabilités est un modèle de puissance dramatique et de jeu intériorisé. Il connaît alors sa décennie de cinéma la plus prestigieuse, consolidant son statut de vedette populaire avec Yves Boisset (L’attentat), Jacques Deray (Flic story), Philippe Labro (Sans mobile apparent) ou Christian de Chalonge (L’argent des autres), tout en prenant davantage de risques sous la direction de Nadine Trintignant (son épouse d’alors) ou Alain Robbe-Grillet. Il décide même de se lancer dans la réalisation et signe en 1979 Le maître-nageur, une jolie comédie décalée, avec Guy Marchand. Dans les années 80, il trouve son plus beau rôle en incarnant le protagoniste de Vivement dimanche ! (1983), le dernier film de François Truffaut. Mais il faudrait redécouvrir aussi Eaux profondes (M. Deville, 1981), sombre adaptation de Patricia Highsmith. Malgré des exceptions comme Krzysztof Kieslowski, Pierre Boutron ou récemment Michel Haneke, les réalisateurs lui confient surtout des rôles de personnages secondaires à partir du milieu des années 80. Il s’adapte alors avec aisance aux univers de Régis Wargnier, Patrice Chéreau ou André Téchiné, pour lequel il interprète le metteur en scène de Rendez-vous. Son triomphe dans Amour, au Festival de Cannes 2012, en salle, puis aux César, au-delà du come-back remarqué, marque la juste consécration d’un comédien immense.
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