Le 22 février 2016
- Genre : Comédie musicale
La magie féline, de Cats, spectacle de sons et lumières cossu, mérite toutes les louanges qui accompagnent le musical britannique culte d’Andrew Lloyd Weber depuis ses débuts, 35 ans auparavant.
La magie féline, de Cats, spectacle de sons et lumières cossu, mérite toutes les louanges qui accompagnent le musical britannique culte d’Andrew Lloyd Weber depuis ses débuts, 35 ans auparavant.
Historique
Pour beaucoup de Français, au début des années 80, Cats n’était qu’un tube de Barbra Streisand, Memory. Il est vrai que cette mélodie immense sur la voix cristalline de Streisand avait de quoi frapper les esprits. Mais derrière le hit exquis se dissimulait une comédie musicale que beaucoup de mauvaises langues destinaient à l’échec et qui, nonobstant, dès 1981, allait battre des records de fréquentation et de longévité dans le West End londonien, ou à Broadway.
© RUG - Photo : Alessandro Pinna.
Inspiré des vers du poète américain T.S. Eliot, avec la bénédiction de sa veuve, le musical légendaire est le fruit du maître du lyrisme contemporain Andrew Lloyd Weber, qui avait, à Londres, réussi à se faire un nom avec Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat, Jesus Super Star ou encore Evita dans les années 60-70, trois oeuvres qui marquaient sa collaboration fructueuse avec le parolier Tim Rice.
La France, alors dans la détestation du genre musical - on se situe plus de 15 ans avant Notre Dame de Paris -, ne s’intéresse guère au phénomène, même si la B.O. parvient à se vendre quand l’affiche noire, avec deux yeux jaunes de petit félin en guise d’éléments visuels, frappent l’inconscient collectif à jamais...
© RUG - Photo : Alessandro Pinna.
En 2015, alors que Cats a été vénéré par une audience de plus de 70 millions spectateurs dans le monde et qu’une version rallongée de deux titres, vient de s’achever à Londres au Théâtre Palladium (affichant complet, il reviendra dans la capitale anglaise en octobre), la comédie musicale facétieuse, aux hymnes fantaisistes et aux refrains entêtants, a débarqué en français sur la scène parisienne du théâtre Mogador, via Stage Entertainment, qui a fait découvrir au public parisien Le Roi Lion, Mamma Mia !, Sister Act, La Belle et la bête ou encore récemment Le Bal des Vampires. Le groupe a convoqué les chats sur la capitale, au théâtre près des Grands Magasins pour 90 représentations en 3 mois, du 1er octobre au 10 janvier 2016. Les places se sont vite arrachées, fruit de l’attente et d’un bouche-à-oreille salvateur. Stage Entertainment propose donc 3 mois de rallonge, jusqu’en mars 2016, et pas moins de 100 représentations supplémentaires pour filouter avec les matous lyrico-disco-jazzy d’Andrew Lloyd Weber sur les chorégraphies grâcieuses de Gillian Lynne, dans les décors conçus par John Napier.
Critique :
Cats, hymne au spectacle de troupe, au collectif chantant, celui des ’jellicle chats’, félins de rue, à la gouttière enchantée, entraîne le spectateur dans l’abstrait d’une narration littéraire, où l’histoire n’est pas. Le spectacle mis en scène par Trevor Nunn (Les Misérables, Piaf, Chess) aligne les portraits de chats exubérants et est entièrement constitué d’une galerie de personnalités félines, aux âges variants, qui vient résumer toute la diversité et la complexité d’une humanité symbolisée par des quatre-pattes agiles, à la dextérité contorsionniste, incarnant la jeunesse fébrile ou le vieil âge tour à tour sage ou mélancolique.
Spectacle électro pop seventies, opéra rock tonitruant aux thèmes entêtants, la comédie musicale institutionnalise un peu plus l’inspiration créative d’Andrew Lloyd Weber qui fait des miracles quand il s’agit créer des thèmes musicaux fantaisistes, que l’on a envie de chantonner des jours entiers après le spectacle, et que d’aucuns qualifieraient de kitsch pop gluant. L’auteur a su aussi donner une empreinte solennelle et sombre par moments, à l’instar de son travail de création dans le Fantôme de l’opéra et Evita, nous entraînant dans une mise en abîme tortueuse où la réflexion sur la fin de vie donne à cet hymne à la vie une texture parfois un peu mortifère. Mais on nous le dit, le "jellicle chat" resplendit et rebondit de ses nombreuses vies.
Pour retranscrire cette philosophie de gouttière, l’adaptation des textes en français est miraculeuse. La voix extraordinaire de Prisca Demarez, castée dans le rôle de Grizabella (the Glamour cat), paria de la troupe attendant sa mort dans l’ombre, donne corps à la chanson Memory, sur des textes de Ludovic Alexandre-Vidal et Nicolas Nebot (Le bal des vampires) qui ont su retrouver l’originalité textuelle de la VO, entre son écriture de spectacle musical et son adaptation d’un génie de la littérature, Thomas Eliot (Cats s’inspire de son recueil de poèmes Le Guide des Chats du Vieil Opposum).
Au cœur de décors de rues imposants, faits de bric et de broc, qui impressionnent dès notre premier aperçu de la scène, et qui prennent vie lors des agitations félines, le spectacle se fait également dans la salle. Les chats virtuoses s’approprient régulièrement l’orchestre, incarnés par des danseurs, agiles, prestes, qui serpentent dans les allées. La troupe chante, sans fausse note, bondit, rampe, fait le dos rond, s’approprie toute la flexibilité de l’animal, et épate le public qui en redemande.
Magique pour les enfants qui adorent et qui sont impressionnés par l’usage tonitruant des bruits et des lumières, et par l’interaction de la troupe avec le public, Cats est un spectacle familial à la beauté encore indemne après toutes ces décennies de tour du monde qui n’a jamais rendu la mise en scène poussive ou dépassée. Toujours aussi pertinente en 2015, la comédie musicale semble intemporelle et tend un peu plus à s’ancrer dans la culture populaire globalisée en traversant les frontières. Un mythe.
MAJ
Cats restera à la Une de Mogador du 28 avril au 30 juin, avec une nouvelle Grizabella. C’est désormais la chanteuse de variété Chimène Badi qui prètera sa voix au personnage féminin principal. A cette occasion, la chanteuse proposera un nouveau single, le titre phare Memory, qui rejoindra son nouvel album, à la fin du mois de mars, Au-delà des maux.
Galerie Photos
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