Rock the cashback
Le 17 janvier 2008
Un film post-ado remarquable teinté d’une vraie mélancolie.

- Réalisateur : Sean Ellis
- Acteurs : Sean Biggerstaff, Emilia Fox, Shaun Evans
- Nationalité : Britannique
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 17 janvier 2007

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Un film post-ado remarquable teinté d’une vraie mélancolie.
L’argument : Ben Willis, étudiant aux Beaux-Arts, se fait plaquer par sa petite amie Suzy. Devenu insomniaque suite à cette rupture, il se met à travailler de nuit au supermarché du coin.
Là, il fait la connaissance de quelques personnages hauts en couleur qui cultivent, chacun à sa manière, l’art de tromper l’ennui pendant les longues heures de travail.
L’art de Ben consiste à imaginer qu’il suspend le temps, ce qui lui permet d’apprécier la beauté du monde "en mode pause" et des êtres qui le peuplent.
Il est particulièrement sensible au charme de Sharon, la discrète caissière qui détient peut-être la clé de ses insomnies.
Notre avis : Au départ, Cashback est un court métrage de dix-huit minutes réalisé en 2003 par Sean Ellis, jeune inconnu de trente-quatre ans. Aujourd’hui, c’est devenu un long métrage très étonnant. Entre les deux formats, les enjeux dramatiques se sont teintés de complexité. Le cinéaste nous parle toujours de Ben, un jeune homme affligé par une rupture sentimentale, partagé entre un romantisme viscéral et une désillusion lucide, dont les désirs se consument dans le vide. Son don ? Arrêter le temps pour déshabiller les filles, chose que n’importe quel autre mec de son âge ferait. L’arrogance formelle ado masque une vraie détresse adulte (on pouvait déjà voir ça dans l’adaptation des Lois de l’attraction, par Roger Avary, avec sa terrible scène de suicide qui venait ternir les split screen accélérés et autres afféteries visuelles).
En opposant la rude réalité de la vie à travers un boulot tannant dans un centre commercial et l’univers presque fantasmagorique d’un artiste sur le point de naître, Ellis alterne avec quelques effets voyants issus du clip et de la photo les bouffées euphoriques de l’instant présent et la tristesse des lendemains de fiesta. Si réunir tous les personnages impliqués dans la dramaturgie lors d’une fête peut ressembler à une facilité, cela permet au protagoniste de faire des choix cornéliens qui feront de lui un homme réconcilié avec lui-même. Cashback est le film post-ado idéal : un peu immature, drôle, sexy, teinté d’un vrai spleen. On y pense après coup comme à quelqu’un dont on aurait sous-estimé la mélancolie.