Carmen

Un opéra black qui tombe à plat.

L’argument : L’Afrique du Sud, de nos jours. Carmen (Pauline Malefane), une belle Black gironde, fait tourner la tête des hommes dans le township de Kayelitsha. Maîtresse femme éprise de chant, elle ne lâche pas sa prise, une fois son dévolu jeté sur un homme. Sa dernière victime ? Jongikhaya, un brigadier qu’elle mène par le bout du nez. Jusqu’à l’irréparable...

Notre avis : Travelling avant sur le visage d’une femme à la peau d’ébène tandis que la voix off reprend le texte de Mérimée, vantant la beauté ténébreuse des Espagnoles. Premières images du film, premier hiatus. La Carmen de Mark Dornford-May manque sa cible en décapant Mérimée et Bizet. Un double héritage qui pèse lourd sur le film. Le musicien français avait composé une pièce lyrique où l’abattage et la couleur locale étaient roi. Transposée dans l’Afrique du Sud des gangs et de la misère, la tocade exotique perd de sa superbe et se mâtine de tragédie sociale.
Maladresse du parti pris naturaliste ? Ecueil de l’opéra filmé ? Carmen ennuie malgré le tempérament volcanique de la troupe Dimpho Di Kompane. Le film s’alourdit au gré d’une transposition narrative sans queue ni tête et d’une mise en scène peu inventive. Les flashback plombent l’intrigue en la ramifiant d’un drame familial guimauve et on bâille devant les minauderies de Pauline Malefane. Cette énième Carmen n’a ni la sensualité de la version de Francesco Rosi où Julia Migenes et Placido Domingo s’enlaçaient sous le soleil d’Espagne ni le souffle politique de Carmen Jones de Preminger, un opéra black sensuel et dérangeant. Les vrais adaptations ont déjà été faites : reste la musique... L’Afrique du Sud rate son entrée sur scène.