Cannes, Jour 11 : et Verhoeven réinventa Huppert

Point d’orgue de cette ultime journée de course du Festival de Cannes 2016, le nouveau Verhoeven, Elle, a clôturé la compétition avec irrévérence et mauvais goût. Exactement ce qu’il nous fallait pour finir en beauté.

La rencontre entre Paul Verhoeven et Isabelle Huppert était inéluctable. De ces fatalités jouissives que l’on guette le sourire aux lèvres. L’effronterie du "hollandais violent", la distance espiègle et faussement glaciale de la française à frange rousse... difficile de faire combinaison plus radicale. D’autant plus lorsqu’il est question d’adapter Oh..., le roman mal élevé de Philippe Djian, parangon de perversion. Le stupre et la paranoïa, la crudité et l’impudence, quel système plus efficient pour le duo ? Verhoeven ne tente pas de répondre à des questions ou de saper autre chose que la morale, mais se contente juste de filmer nos petites transgressions avec jubilation. Sa vision du monde peut effrayer, offenser, déplaire, écœurer... c’est précisément cette révolte qu’il cherche à susciter. Pousser notre regard à s’acclimater du pire, à ne pas toujours refouler nos obsessions, aussi inavouables ou abominables soient-elles.

Provocateur né, le hollandais de retour en compétition 24 ans après Basic Instinct peut-il prétendre à la Palme d’or décernée par George Miller et sa bande ? Très probablement, même si Aquarius de Kleber Mendonça FIlho a lui aussi toutes ses chances - plus quelques autres que nous évoquerons prochainement -, compte tenu du bouleversement politique et social que traverse actuellement le Brésil.

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