Cannes 2018 : Lars von Trier, retour d’un maître du scandale

Souvenez-vous, il y a sept ans, sur la Croisette, une vidéo amateur avait volé la vedette à toutes les stars en Compétition Officielle. Et pour cause, on y voyait Lars von Trier, déjà contesté pour ses expérimentations cinématographiques osées, affirmer –visiblement sous l’effet de l’alcool– qu’il « comprenait Hitler ». Il n’en a pas fallu plus pour que celui qui avait gagné la Palme d’Or onze ans plus tôt avec Dancer in the Dark, devienne immédiatement persona non grata au Festival.
Cette semaine, et même si Thierry Frémaux n’a pas osé l’annoncer à l’occasion de la traditionnelle conférence de presse, le cinéaste danois a été ajouté avec Terry Gilliam (pour la clôture), Nuri Bilge Ceylan et Yann Gonzalez, dans la shortlist des sélectionnés.
Lars von Trier, avant sa mise à l’écart du festival en 2011, était un habitué de la Croisette, ayant concouru 9 fois, depuis Element of Crime (1984) jusqu’à Melancholia (2011). En 1996, il obtenait le Grand Prix du Jury avec le dépressif Breaking the waves, et en 2000, sa comédie musicale, avec Björk décrochait la sacro-sainte palme.
En 2014, Nymphomaniac avait été privé de sa sélection française, se retrouvant, pour le premier volet, à Berlin, et pour le second, à Venise.
En 2018, malgré le mouvement #Metoo, l’appel des féministes et un jury présidé par une femme investie dans la cause des femmes, Cate Blanchett, l’auteur revient là où on ne l’attendait plus avec son nouveau film, The House That Jack Built, qui sera présenté à Cannes en sélection officielle, hors compétition.
On ne sait que peu de choses de ce qui s’annonce être un thriller, sinon qu’il mettra en scène un tueur en série dans les années 70. Un sujet propice à ce genre de fulgurances transgressives que l’on attend de L.V.T. qui retrouvera l’actrice Uma Thurman, mais aussi Matt Dillon et Bruno Ganz. Aucune date de sortie n’a été arrêtée, mais Les Films du Losange distribueront ce nouveau jalon, on l’espère, dans la filmographie de l’ancien chantre du Dogme.

L’argument : Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide - contrairement à toute logique - de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack.