Le 24 mai 2017
- Réalisateurs : Jacques Doillon - Sofia Coppola
- Festival : Festival de Cannes 2017
À trois jours seulement de la fin de la compétition, le 70e Festival de Cannes livre quelques-unes de ses dernières salves attendues au tournant : "Rodin", de Jacques Doillon, et "Les Proies", de Sofia Coppola. Quelques réussites, à défaut de fulgurances.
Alors que le Festival de Cannes tenait hier sur le tapis rouge la minute de silence dédiée aux victimes de l’attentat de Manchester, la sécurité au Palais des Festivals, derechef, augmente ce mercredi d’un cran. Comme s’il s’agissait de conjurer la spirale, Jacques Doillon et Sofia Coppola s’en remettaient aujourd’hui au désir - sous couvert d’une ligne claire exigeante et abyssale chez le Français, en une sorte d’infusion bio pas totalement inutile du film Les Proies (1971) de Don Siegel chez l’Américaine.
- Clint Eastwood et Geraldine Page dans "Les Proies", de Don Siegel - Copyright Universal Studios
Ce n’est pas la première fois que Rodin capte le regard du cinéma : en 1949, le chef opérateur légendaire Henri Alekan lui avait consacré un court-métrage intitulé L’Enfer de Rodin, tandis que Ruedi Gerber avait filmé en 2016 les chorégraphies d’Anna Halprin composées à partir des sculptures de l’artiste dans Anna Halprin et Rodin – voyage vers la sensualité. De manière transversale, le cinéaste Bruno Nuytten avait lui aussi laissé une place importante à l’artiste dans son premier long-métrage, Camille Claudel (1988). Rodin était alors joué par Gérard Depardieu. Dans son Rodin, Jacques Doillon se penche, de son côté, davantage sur les tourments du statuaire, trouvant en sa quête éternelle du beau et de l’effet de réel, un réceptacle pour le drame amoureux. Vincent Lindon, regard perçant et stature impressionnante, n’a peut-être jamais été aussi stupéfiant.
- Copyright Shanna Besson / Les Films du Lendemain
Le film Les Proies, de Sofia Coppola - remake du long métrage éponyme de Don Siegel - reprend le chemin du drame historique de Marie Antoinette en l’adjoignant d’une dimension de suspense. Comme chez Siegel, le nouvel arrivant va symboliquement corrompre la quiétude du pensionnat et distiller un désir qui n’était jusqu’alors qu’abstraction. Les Proies reprend quelques-uns des codes habituels (dimension contemplative mâtinée de théorie plastique) de la cinéaste, en eplorant cependant une palette de couleurs cette fois plus distendue et sombre. Si l’ensemble, de bonne facture, convainc par sa direction artistique et son chapelet espiègle et polisson d’actrices, la comparaison avec le film de Siegel s’avère dommageable. Ne serait-ce que parce que Sofia Coppola choisit délibérément d’en atténuer toute la subversion.
- Copyright Universal Pictures International France
Lire notre critique de Les Proies.
Flashback : lundi 22 mai, un hommage consacré au cinéaste André Téchiné donnait l’occasion de visionner son nouveau film Nos Années Folles. Peu de vertiges dans cet opus un brin classique, mais une belle performance d’acteurs - merci Céline Sallette et Pierre Deladonchamps.
Lire notre critique de Nos Années Folles.
Sont attendus jeudi pour la neuvième journée de compétition les films Good Time, de Benny & Josh Safdie, Une Femme douce (nouvelle adaptation de Dosto après celle de Bresson), ou encore L’Amant double, de François Ozon.
- Copyright Ad vitam
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