Le 27 mai 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
Une sélection moins concluante que prometteuse ? Certes, mais aussi un nouveau duel Audiard/Haneke, 3 ans après la polémique autour du palmarès de 2009...
Une sélection moins concluante que prometteuse ? Certes, mais aussi un nouveau duel Audiard/Haneke, 3 ans après la polémique autour du palmarès de 2009...
Et si l’édition 2012 avait été moins concluante que prévue ? Sur le papier, les auteurs présents en compétition donnaient envie. A l’arrivée, les journalistes des différents médias sont ressortis généralement déçus par l’absence de bourrasque qui emporte l’adhésion massive... Le Wes Anderson ? Pas mal, mais un peu trop pour les mômes. Il avait fait mieux avec Fantastic Mr. Fox. De Rouille et d’os ? Formidable, mais finalement sans surprise. Les films américains du sud ? Mud de Jeff Nichols ? Super, oui, mais Take Shelter en sélection parallèle l’an dernier était de l’avis général mieux. Que dire de Cogan, la mort en douce et Lawless/Des hommes sans loi, si ce n’est qu’on les imaginait davantage à Deauville que sur la Croisette. Et puis Paperboy. Provoc facile par un roublard qui avait déjà abusé des grosses ficelles dans Precious. Bon, il y avait la sulfureuse pisseuse Nicole Kidman. Faute à moitié pardonnée.
Les grands auteurs que sont Walter Salles et David Cronenberg ont aussi livré un travail en demi-teinte. Sur la route n’a pas la splendeur et la singularité de son matériau littéraire d’origine et Cosmopolis, c’est quand même beaucoup de bla bla pour pas grand chose. Reste dans les deux cas une sacrée galerie d’acteurs, y compris la progéniture des Twilight.
Dans le cinéma français, le dernier Resnais n’a rien d’un coup de foudre, malgré son titre aguicheur (Vous n’avez encore rien vu) et il aura fallu le courage du trop rare Leos Carax pour remettre les pendules à l’heure avec Holly Motors.
Cet OVNI déconcerte et permet à une bonne moitié des journalistes présents de crier au chef d’oeuvre ou à l’arnaque au choix ! Ce cinéma radical, c’est en tout cas celui qu’on cherche davantage dans une manifestation de cette trempe. Et puis Kylie Minogue et Denis Lavant dans un même métrage, c’est quand même extraordinaire... Dans l’exigence, le Reygadas, Post Tenebra Lux a rempli son rôle de somnifère et devra être réévalué plus tard dans l’année. Après tout, c’est quand même le réal. génial de Japon et Lumière silencieuse. Paradis : Amour a su imposer sa radicalité d’oeuvre qui divise. Le dernier Ulrich Seidl (Import/Export) était âpre et pourrait recevoir un prix de fond de Palmarès (mise en scène ?). Beaucoup l’ont haï, d’autres y voient déjà l’essence d’un culte. Et Au-delà des collines de Mungiu, auteur roumain déjà palmé devrait figurer au palmarès. Cette oeuvre certes austère a suscité bien des émotions et aura, sans nul doute, plu à Moretti qui a une conception bien à lui du 7e art.
L’Asie d’Hong Sang-soo ne devrait pas laisser de trace, malgré un accueil cordial de la critique et la présence lumineuse d’Huppert à l’aise sur les 5 continents. Celle aseptisée, froide, sexuelle et corrompue jusqu’à la chair d’Im Sang-soo a su faire son effet, mais ce n’est pas forcément une oeuvre à prix cannois. Déjà son remake de Hanyo, Housemaid avait produit le même sentiment en 2010.
Alors qui pour des prix d’excellence ce soir ? Le Audiard ? Il sera sûrement de la partie, mais c’est trop facile et cela nous chiffonne. C’est avant tout le succès public 2012 dont le festival avait besoin. Cela tombe bien, il le lui a offert en parallèle, le film étant sorti au tout début de la compétition offrant à Cannes un éclairage bienvenu. Cotillard est une telle évidence pour le prix d’interprétation qu’une autre devrait lui passer devant...
Est-ce que La chasse de Vinterberg a su capter le jury de Moretti ? Nous, on a adoré, mais une bonne partie de la presse ne s’est pas montrée impressionnée par ce brûlot sur la calomnie qui a replacé l’auteur de Festen au centre des préoccupations cinéphiles. Il devrait recevoir quelque-chose ce soir... Enfin, et si le grand favori du palmarès de ce soir était tout simplement l’oeuvre la plus universelle et pourtant la moins aisée... Amour du palmé Michael Haneke... Est-ce qu’encore une fois le réalisateur du Ruban Blanc volera à Audiard, favori de chacun pour Un prophète en 2009, le prix tant convoité ? Cette fois-ci, cela serait peut-être plus légitime qu’alors. Amour est un choc émotionnel qui ressitue le spectateur face aux évidences de la vie. Amour, vieillesse, maladie, désespérance, sacrifice et mort... Et un prix pour le revenant Jean-Louis Trintignant ? Encore une telle évidence.
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