Le 10 octobre 2021
Si l’objectif de dénoncer les abus de la police américaine contre la communauté afro-américaine est salutaire, le récit se perd dans un dédale de scènes et de dialogues illisibles. Une nouvelle variation de Candyman, après celle de 1992, décevante et confuse.
- Réalisateur : Nia DaCosta
- Acteurs : Teyonah Parris, Yahya Abdul-Mateen II, Nathan Stewart-Jarrett
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h31mn
- Date de sortie : 29 septembre 2021
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Résumé : D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours été terrorisés par une effroyable histoire de fantôme, passant de bouche à oreille, où il est question d’un tueur tout droit sorti de l’enfer, avec un crochet en guise de main, qui pourrait apparemment être convoqué très facilement par qui l’oserait, rien qu’en répétant son nom cinq fois devant un miroir...
Critique : On se souvient tous du premier opus de Bernard Rose en 1992 qui appuyait le propos sur la dimension horrifique et fantastique. Cette nouvelle variation de Candyman inscrit son univers dans la référence claire aux abus de la police contre la communauté afro-américaine, ce qui est d’une incontestable actualité. Pour autant, la mise en scène de Nia DaCosta intègre aussi son récit dans un monde qu’elle connaît bien, à savoir celui des œuvres d’art picturales et des collectionneurs. Elle mélange ainsi la question de la discrimination raciale et sociale avec celle du marché des arts, hésitant sans cesse entre l’univers des cités et celui des bobos urbains.
- Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. and Bron Creative MG1, LLC. All Rights Reserved.
Candyman naît donc d’une ambiguïté narrative. Du coup, l’enjeu du film n’est pas tant de verser dans le style horrifique que de dérouler un débat politique à travers la figure glaçante d’un vengeur qui hante l’envers des miroirs. La réalisatrice choisit délibérément de placer au second plan les scènes d’épouvante. Il y a même une recherche très esthétisante du crime, la mort n’étant jamais montrée directement, mais se jouant de hors-champs ingénieux et créatifs. Mais il est incontestable que le spectateur avide de ce type de cinéma vient d’abord pour satisfaire son besoin de frayeur et de frissons. Le résultat est immédiatement décevant. En effet, la mise en scène ne se préoccupe pas tant d’horreur que d’installer un débat métaphorique sur l’exclusion de la communauté noire et jeune aux États-Unis. Nia DaCosta en tant que cinéaste new-yorkaise connaît certainement le problème de l’intérieur. Mais en réalité, son questionnement personnel est à l’inverse des attentes des jeunes spectateurs qui ressortiront de la salle obscure avec le sentiment qu’ils auront été volés dans leurs aspirations macabres.
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Il est difficile de parler de ce film sans saluer le soin extrême apporté à la photographie, aux décors et à la lumière. La ville de Chicago est magnifiquement filmée, ainsi que ces expositions contemporaines qui se moquent allègrement d’un art prétendument libéré de la censure et de la domination bourgeoise. L’esthétique même du film constitue l’intérêt central de ce récit bavard où la cinéaste cherche à perdre son spectateur. Demeure toutefois la déception de ne pas avoir retrouvé dans ce numéro l’ambiguïté perverse de l’œuvre originale qui se jouait avec délectation de l’incarnation de crimes odieux par ce qui n’étaient que des victimes ayant eu le malheur de prononcer cinq fois le nom maléfique de Candyman devant un miroir. Toujours est-il qu’en quittant la salle de cinéma, on hésite encore à son tour à se planter devant son propre reflet et invoquer le souvenir du cruel meurtrier.
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