Cadavres à la pelle - la critique

Sans se prendre au sérieux, John Landis remet le couvert en transformant un drame macabre en comédie noire carrément foldingue. De quoi mettre les zygomatiques à rude épreuve...

L’argument : Édimbourg, capitale mondiale de la médecine, 1828 ! Deux émigrés irlandais, William Hare et William Burke, ont bien leur petite idée pour fournir aux éminents praticiens de dissections les cadavres de première fraîcheur qui leur sont nécessaires...

Notre avis :

À l’occasion de la présentation de son dernier film au BIFFF, Cadavres à la pelle, John Landis avait spécialement fait le déplacement en costard pour recevoir le titre honorifique de Chevalier de l’Ordre du Corbeau. Précédant son entrée sur scène, trois extraits résumant joliment sa filmographie défilaient sur le grand écran. À défaut d’être un grand artiste, il s’est rapidement imposé comme un réalisateur culte auprès du grand public. Ce ne sont pas Les blues brothers, Le loup-garou de Londres, ou encore moins le clip Thriller de Michael Jackson qui viendront contredire ce statut indiscutable. Promu à un brillant avenir, à l’instar de son comparse Steven Spielberg, il tomba dans l’anonymat le plus complet durant près d’un quart de siècle en enchaînant comédie sur comédie, toutes plus médiocres les unes que les autres, jusqu’à sa résurrection inespérée en réalisant un épisode pour chacune de deux saisons de la série Masters of horror (dont le très réussi Une famille recomposée). Comme pour ce dernier, il récidive en usant d’un humour macabre relatif à une histoire qui l’est tout autant. À coup sûr, la mort lui va si bien...

Le ton décalé utilisé par Landis, en s’inspirant d’un fait divers particulièrement sordide, séduit d’emblée avec des gags à la pelle à l’humour très british. Justement, la Grande-Bretagne semble lui sourire puisqu’il y était déjà venu pour le tournage du Loup-garou de Londres. À l’image du bonhomme sympathique et communicatif qu’est John Landis, son cinéma n’a absolument pas la grosse tête. En fonctionnant constamment au second degré, il n’a pas d’autre prétention que celle d’amuser le spectateur, et il y parvient merveilleusement, aidé, il est vrai, par un duo d’acteurs irrésistible (Simon Pegg et Andy Serkis que l’on retrouvera avant la fin de l’année, sous la direction de Spielberg, en Dupont et capitaine Haddock dans Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne).

Mordant la vie à pleines dents, ils ne trouveront rien de mieux pour se remplir les poches que de se métamorphoser en tueurs en série (sans aucun doute, un cadavre frais rapporte plus qu’un macchabée en pleine décomposition, six pieds sous terre !). Ils sont tellement convaincants qu’on finit très vite par s’attacher à eux, au point de devenir complice des atrocités de leurs crimes, dont une des victimes sera Christopher Lee (joli clin-d’œil à une figure légendaire de la Hammer). Quoi qu’il en soit, voilà un bon moment de détente en perspective si vous broyez du noir...