Le 27 avril 2023
Un thriller palpitant, subtilement construit, et un portrait sans concessions de la corruption en Turquie.
- Réalisateur : Emin Alper
- Acteurs : Selahattin Paşalı, Ekin Koç, Erol Babaoğlu, Erdem Şenocak, Selin Yeninci
- Genre : Drame, Thriller, LGBTQIA+, Politique
- Nationalité : Français, Allemand, Turc, Néerlandais, Grec, Croate
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 2h08mn
- Date télé : 3 mai 2024 23:41
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Balkaya / Kurak Günler
- Date de sortie : 26 avril 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : Un Certain Regard
Résumé : Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, vient d’être nommé dans une petite ville reculée de Turquie. À peine arrivé, il se heurte aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens, même les plus extrêmes.
Critique : Formé en économie et en Histoire à l’Université Bogazici-Istanbul, Emin Alper s’est ensuite lancé dans la réalisation. Burning Days est le quatrième long métrage d’un auteur dont Abluka - Suspicions avait révélé la capacité à distiller un climat anxiogène, dénoncer un système politique brutal, et nouer une narration complexe et tortueuse. Présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2022, Burning Days est dans la même veine, et s’impose comme un thriller majeur. Muté dans une petite ville à la suite de la démission de son prédécesseur, Emre est un jeune procureur intègre et idéaliste, ne tardant pas à découvrir la corruption à l’œuvre dans la commune qui est sous son autorité. Il comprend rapidement que le maire établit une mauvaise gestion de la distribution de l’eau, et qu’un réseau de notables transgresse, notamment, la législation sur les armes. Aussi, Emre se sent en porte-à-faux lorsqu’il est invité chez le maire en compagnie du fils de ce dernier, un avocat véreux.
- © 2022 Gloria Films. Tous droits réservés.
Et à quel jeu ce prête Murat, ce jeune journaliste, qui lui apporte des preuves de malversations du maire, tout en semblant le séduire ? Quand Emre réalise qu’il a été drogué le soir du dîner chez le maire, et qu’une jeune Gitane a été violée sur les lieux, il mène son enquête mais les choses se compliquent… Le scénario est palpitant. Emin Alper a souhaité dénoncer un système mafieux qui ronge la Turquie, particulièrement depuis l’élection d’Erdogan. Mais loin d’édifier un film à thèse démonstratif, il a préféré opter pour le choix d’un thriller, ambigu et subtil, pour cerner le piège qui se noue autour d’Emre, qui restera combatif au nom de ses valeurs. Burning Days est réellement fascinant par son ambiance oppressante, son traitement hitchcockien, et les scènes de flashback intérieurs au cours desquelles le protagoniste tente de se souvenir de ce qui s’est réellement passé le soir du dîner chez le maire. Leur force est de ne jamais révéler si elles traduisent un retour de la mémoire ou de simples hypothèses.
- © 2022 Gloria Films. Tous droits réservés.
« Je ne voulais pas créer un processus de remémoration progressive qui, à la fin, aurait révélé la vérité aux spectateurs. Je trouvais ça trop classique. Ici les souvenirs se contredisent parfois les uns les autres. Certains d’entre eux peuvent être authentiques, d’autres sont très probablement façonnés par l’esprit du procureur en fonction de ce qu’on lui a raconté. Certains sont peut-être modifiés de la manière dont il souhaiterait se souvenir », a ainsi déclaré le cinéaste. Tout le film est dans cette démarche, et réussit à captiver alors même que l’on n’assiste pas à la reconstitution d’un puzzle policier, mais au contraire à l’élargissement d’un champ des possibles narratifs. Cela concerne aussi la relation équivoque entre Emre et Murat, objet de scènes suggestives (au bord du lac en particulier), et qui prend une dimension spéciale compte tenu de l’homophobie des antagonistes, et de la société turque en général. Les interprètes se meuvent avec aisance dans le dispositif du réalisateur. C’est le cas en particulier de l’interprète principal, Selahattin Paşalı, dont le charisme et le jeu nuancé imprègnent véritablement l’écran.
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