Budori, l’Etrange voyage - la critique du film

Adaptation du conte autobiographique du poète Kenji Miyazawa par Gisaburo Sugii, Budori, l’Etrange voyage s’affirme comme une œuvre aussi onirique que déroutante.

L’argument : Suite à une succession d’étranges phénomènes naturels, Budori le chat doit quitter sa forêt pour retrouver Neri, sa petite sœur mystérieusement disparue.

Notre avis : Produit en 2012 et présenté hors compétition lors du Festival International du Film d’Animation d’Annecy en 2013, le film aura mis quelques années avant d’être projeté sur nos écrans, attisant la curiosité des passionnés de cinéma d’animation. Après Train de Nuit dans la Voie Lactée, Gisaburo Sugii s’inspire de nouveau de l’œuvre de Kenji Miyazawa pour donner vie à ses dessins et à ses personnages. Budori, l’Etrange voyage est un récit initiatique entre deux mondes qui sont autant d’illusions : d’une part un monde idyllique subissant une crise, paradis perdu de l’enfance dans lequel le rapport des personnages avec leur environnement est sans cesse interrogé ; d’autre part un monde fait d’esprits et de rêves, plus sombre que le précédent mais rendu paradoxalement plus éclatant par l’intensité des couleurs utilisées pour le dépeindre.
©Eurozoom
Le thème du passage à l’âge adulte est ici abordé en associant éducation et découverte de la terre et de la nature, deux voies qui permettent à Budori de surmonter l’abandon et la solitude. Aussi, c’est en douceur que les graphismes soignés et les couleurs attrayantes invitent le spectateur à entrer dans l’univers poétique et chatoyant du film, qui trouve toute sa puissance dans les épisodes fantastiques dont il est ponctué.
Toutes les qualités visuelles de Budori, l’Etrange voyage ne font cependant pas oublier le manque de rythme dont pâtit parfois l’anime, et qui fait perdre leur relief à certaines scènes essentielles, scènes qui se voudraient pourtant dramatiques par les ressorts qu’elles mobilisent. Le récit semble également montrer des faiblesses lorsque plusieurs pistes scénaristiques se révèlent être de fausses routes, malmenant quelque peu le spectateur. Par ailleurs, il est regrettable qu’une impression de passivité se dégage du personnage de Budori, qui se fait rapidement éclipser par les personnages secondaires du film, tous plus charismatiques les uns que les autres.
Budori, l’Etrange voyage est donc une œuvre de poésie et de couleurs qui enchante les yeux et invite au rêve sans malheureusement traiter jusqu’au bout les thèmes qu’elle aborde.