Le 28 février 2021
L’invention de cette collection montrant des peintures par le détail serait justifiée par le seul nom de Peter Bruegel. Qui n’a pas été fasciné par ces productions extraordinaires qui ont fait la réputation inégalée de l’école flamande ? Ce livre, qui est une réédition abordable de l’ouvrage grand format d’origine, permet d’admirer, grâce aux commentaires avisés de Manfred Sellink, le génie d’ensemble de cette œuvre.
- Reprise: 12 février 2020
- Auteur : Manfred Sellink
- Editeur : Hazan
- Genre : Art & Culture
- Nationalité : France
- Date de sortie : 26 septembre 2018
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Résumé : Il y a tant à voir dans les tableaux de Bruegel que le regard est impuissant à tout saisir. Ses peintures et ses dessins sont si touffus, si riches en personnages et en scènes anecdotiques que, bien que toujours lisibles, nombre d’éléments nous échappent. D’autant que la distance culturelle entre notre monde et celui du XVIe siècle brouille la signification de nombreux détails. L’originalité de cet ouvrage tient aux 180 détails empruntés à différents dessins et tableaux, puis répartis et commentés en 8 chapitres thématiques, à savoir : regard sur le monde, des temps agités, péchés et vertus, monstres et démons, instruction et divertissement, ingéniosité visuelle, trognes et émotions, joie de vivre. Manfred Sellink nous éclaire sur ce qui se cache sous ce fourmillement : symboles religieux, scènes moralisantes, proverbes de la sagesse populaire, jeux d’enfants ou tout simplement cette saveur humoristique avec laquelle il promène un regard ironique ou bienveillant sur le genre humain. Le livre propose aussi une biographie succincte de l’artiste. En outre, toutes les œuvres auxquelles des détails ont été empruntés sont reproduites en totalité, accompagnées de leurs données techniques.
Critique : On ne peut raisonnablement pas critiquer une pareille œuvre, car elle est l’expression de ce qui a été produit de plus beau dans ce style, voire dans toute l’histoire de la peinture. Belles dans leur composition, les nuances de couleurs, ces toiles captivent par le foisonnement et la minutie avec lesquelles elles témoignent de leur sujet.
- Pieter_bruegel - Kunsthistorisches Museum Wien.
Si l’image est figée, tout à l’intérieur est cinématographique. Le peintre a poussé à son maximum la représentation détaillée d’une perspective entièrement saisissable. C’est cette ligne de fuite infinie et invisible, robuste, qui s’étire du premier au dernier plan et sur laquelle, selon les distances, il se passe quelque chose à petite échelle. Il s’agit d’un ensemble parfaitement composé où s’instaurent des récits parallèles, qui attirent le regard. Non sans humour, le peintre truffe les rendus de scènes de village, il amuse d’une scène d’ébriété festive, il narre l’étrangeté du cortège d’éclopés de la guerre, il invite dans l’intimité d’un couple qui danse. On parlerait aujourd’hui de sociologie, en décryptant pas à pas ces saynètes qui permettent de se figurer la vie de cette époque. Bruegel fait du miniaturisme réaliste de grand format, grâce à une technique acquise pendant son apprentissage en Italie avec le maître Giulio Clovio.
On sait peu de choses de lui, sinon ce qu’en dit Van Mander et qui est assez court pour être cité ici :
« Un marchand, du nom de Hans Franckert, lui commanda de nombreux tableaux. C’était un excellent homme qui était fort attaché au peintre. A eux deux, Franckert et Brueghel prenaient plaisir à aller aux kermesses et noces villageoises, déguisés en paysans, offrant des cadeaux comme les autres convives et se disant de la famille de l’un des conjoints. Le bonheur de Brueghel était d’étudier ces mœurs rustiques, ces ripailles, ces danses, ces amours champêtres qu’il excellait à traduire par son pinceau, tantôt à l’huile, tantôt à la détrempe, car l’un et l’autre genre lui étaient familiers. C’était merveille de voir comme il s’entendait à accoutrer les paysans à la mode campinoise ou autrement, à rendre leur attitude, leur démarche, leur façon de danser. Il était d’une précision extraordinaire dans ses compositions et se servait de la plume avec beaucoup d’adresse pour tracer de petites vues d’après nature. »
- Pieter_bruegel - Kunsthistorisches Museum Wien, Bilddatenbank.
La notoriété moderne de ce peintre qu’on compare à Jérôme Bosch est due au travail de diffusion permis au seizième siècle par l’invention de l’imprimerie et la diffusion large de ses estampes, grâce à Hiéronymus (Jérôme) Cock. Ce nouvel ouvrage en perpétue l’ambition pour continuer d’apprécier son talent.
- Detroit Institute of Arts
- Pieter Brueghel l’Ancien. La danse de la mariée en plein air (v. 1566) Huile sur bois, 119,4 × 157,5 cm,
Le livre rend justement les subtilités de l’œuvre, et l’auteur sait transmettre au curieux sa passion née de l’étude de ce si précieux patrimoine, de ce patrimoine de l’humanité sans aucun doute.
L’art n’est pas matière à compétition et bien d’autres artistes intéressants ont existé dans l’histoire, mais il y a là une expérience indépassable dans cette contemplation avisée. C’est pourquoi ce livre est nécessaire.
A voir, à lire ces chefs-d’œuvre.
Collection : Par le détail
Format :157 x 197 mm
288 pages
Prix : 19.95 €
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