Le 5 mars 2021
Le cirque itinérant de Bronco Billy, qui propose du "Wild West Show", a bien du mal à survivre dans l’Amérique d’aujourd’hui. Clint Eastwood cinéaste poursuit la mutation du Clint Eastwood acteur, qui quitte peu à peu son rôle de solitaire silencieux.


- Réalisateur : Clint Eastwood
- Acteurs : Clint Eastwood, Geoffrey Lewis, Sondra Locke, Scatman Crothers, Bill McKinney, Sam Bottoms
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 24 février 2025 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 11 juin 1980

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Résumé : Billy McCoy dit "Bronco Billy" (Clint Eastwood), dirige un petit cirque itinérant à travers les provinces des États-Unis, vantant les valeurs du western. Son entreprise ayant du mal a survivre, il y a déjà plusieurs mois qu’il n’a pas payé ses employés, tous déclassés ou repris de justice. Parallèlement, Antoinette Lilly (Sondra Locke) riche héritière épouse le premier venu, John Arlington (Geoffroy Lewis), respectant ainsi les conditions de l’héritage paternel : se marier avant trente ans. Elle en a vingt-neuf.
Critique : S’il s’agit de son septième long-métrage, Clint Eastwood n’est pas encore le grand cinéaste reconnu qu’il est aujourd’hui.
On retrouve dans ce film la veine du diptyque Doux, dur, dingue (1978) et Ça va cogner (1980) entre lesquels il fut tourné. Ces deux œuvres, il ne les avait pourtant pas mises en scène lui-même, il en avait confié la réalisation à deux de ses collaborateurs : James Fargo pour le premier, Buddy Van Horn pour le second.
Sur un ton bien moins humoristique, mais plus romantique, on suit le même trio d’acteurs (Clin Eastwood, Sondra Locke et Geoffrey Lewis) dans une intrigue qui dépeint toujours les déclassés de l’Amérique.
Bronco Billy serait presque une caricature d’un Buffalo Bill des temps modernes, s’il ne possédait pas cette naïveté et une bonté naturelle qui aurait plutôt tendance à le desservir : ses acolytes ont non seulement tous eu de gros soucis par le passé, mais en plus ne sont pas de très bons artistes de cirque. Doc (Scatman Crothers) commence à être un peu âgé pour incarner un Monsieur Loyal crédible, quand Lefty (Bill McKinney) ne peut plus faire grand-chose depuis qu’il a perdu un bras. Big Eagle (Dan Vadis), un véritable Indien certes, est régulièrement piqué par ses serpents pendant son tour, et Leonard (Sam Bottoms) joue du lasso avec un matériel usé. Déguisé en cow-boy, Bronco Billy exécute, quant à lui, une démonstration de tir tout à fait ringarde, durant laquelle il a besoin d’une assistante pour cible. Or, il n’arrive pas à en garder une seule.
On suit donc les péripéties tragi-comiques de cette troupe hétéroclite qui va de ville en ville pour un public clairsemé, ou jouant gratuitement dans des orphelinats, ainsi que des établissements psychiatriques.
Or, Bronco Billy a un espoir : acheter un ranch pour y faire vivre toute sa petite communauté. Mais, pour l’instant, il n’a pas le premier dollar vaillant. Il n’a cependant pas tort d’être optimiste, puisque la solidarité opère quand il a un gros coup dur. Ses employés lui sont attachés quoi qu’il arrive, et la riche héritière, d’abord insupportable d’égoïsme, goûtera ensuite aux valeurs de la vie ordinaire.
Ce film simple, même simpliste si l’on veut, permet à Clint Eastwood de poursuivre la mutation de son personnage de dur taiseux, vers des rôles plus nuancés, moins sûrs d’eux et évidemment plus humains. On en verra la preuve dans les œuvres suivantes où il se mettra de nouveau en scène, à commencer par le chanteur de country tuberculeux de Honkytonk Man en 1982. Le cinéaste précisa que son film était un hommage (tout aussi discret que modeste) à La Strada de Federico Fellini (1954).
À noter que Scatman Crothers venait juste d’être le cuisinier du fameux Shining de Stanley Kubrick (1980).