Brésil : Fragments d’un voyage - La chronique BD

Cette fois-ci, c’est lui, le héros. Mais en est-on vraiment sûrs ? Tout ce qu’on peut dire, finalement, c’est qu’un voyageur, qu’on nomme Emmanuel Lepage, a parcouru le Brésil, laissant derrière lui des traces, fugaces, sensibles, un billet d’autocar, une entrée de musée, une fleur séchée, une signature dans un registre. Et des dessins, des croquis, des aquarelles, des portraits pris sur le vif qui racontent un Brésil à visage humain, fait de sourires d’enfants, de villages poussiéreux, et de rencontres.

Au total, des carnets de voyages pas comme les autres, puisque le dessinateur a choisi la fiction, pour raconter son périple. Des tranches de vie, croquées au vol, livrées à l’imagination de Nicolas Michel, qui signe les textes, inventant une vie à chaque visage inconnu dont il ne sait que le nom. Un jeu de pistes, en marge, pour suivre à la trace le voyageur mystère, de Saõ Paulo à Iguaçu.

On sent la jubilation de l’auteur à rendre une expression, un sourire, un mouvement, on devine l’empreinte de la bande dessinée, derrière la vivacité du trait... L’énergie d’une capoeira, un bus pris en marche, un éclat de rire. Si le voyage relève de l’intime, comme le répète le dessinateur, c’est aussi avec notre propre intimité qu’il joue ici, nous laissant, comme Nicolas Michel, plaquer notre imaginaire sur chacune de ces scènes, refaire une histoire, vraie ou fausse, qui construirait autant de