BPRD Origines Volume 3 : la chronique BD

Suivre les aventures du Bureau de Recherches et de Défense sur le Paranormal, c’est un peu comme s’intéresser aux personnages secondaires d’une grande saga, faire une pause bienvenue en arrière sans trop s’y attarder, tout en révélant des éléments attendus ou inattendus. Très tôt, Mike Mignola avait compris que son univers devait graviter autour de Hellboy en figure centrale, mais que tous les satellites avaient de l’intérêt . Retranscrire les origines du BPRD, c’est avoir à disposition une source quasi inépuisable de récits, d’anecdotes, de chapitres tirés ou dérivés de sa série originale. Par exemple, dans un épisode de Hellboy et BPRD (tome 2), une famille a subie une malédiction, transformant les enfants en grenouilles géantes. Ce qui aurait pu s’arrêter à la désinfection d’un château a finalement continué, deux frères ayant survécu, et donnant la majeure partie des histoires de ce troisième volume, hormis la première qui relate une chasse aux sorcières. Tour à tour, Liz Sherman, Abe Sapien, Roger, Johann Kraus et Benjamin Daimio vont avoir droit aux feux des projecteurs, grâce à des événements ou d’autres personnages, montrant leurs origines ou leurs évolutions. Parfois concentrés sur la psychologie ou parfois sur l’action, ces chapitres laissent quelquefois un sentiment d’inachevé, ou de manque de consistance, mais le côté bref des épisodes est aussi la force de ce volume. En effet, jouer sur des récits courts permet de ne pas s’assoupir, ne pas s’ennuyer tout en laissant au lecteur son imagination faire le reste. Chacun peut ainsi se faire sa propre opinion sur les personnages ou les situations.

© Delcourt

Les illustrateurs sont nombreux et de style différents dans cet opus : Corben, Stenbeck, Trimpe, Moline, en choisissant leurs personnages clefs, proposent une vision et des choix graphiques. L’un d’eux veut une couleur fauve, l’autre un regard fuyant, un troisième a choisi un chien de compagnie immense à traquer... Du coup, certaines aventures ont une teinte un peu moins sérieuse ou fantastique, d’autres ont choisi au contraire de s’en imprégner. Au final, l’empreinte Mignola est adoucie, voire même absente, et l’on pourrait se croire loin de Hellboy, surtout quand son personnage est absent des débats. Un mal pour un bien, puisque c’est effectivement les autres membres du Bureau qui sont à l’honneur.

© Delcourt

Volumineux, ce tome 3 l’est assurément, déchargé de révélations incroyables mais chargé d’explications intéressantes. Les origines du BPRD ne sont pas exaltantes mais étrangement touchantes, comme par exemple Roger touche du doigt, et du poing, la frontière entre l’humain et la bête, le bien et le mal.