Le 13 juillet 2018
Comment depuis le dix neuvième siècle, une région d’Europe centrale est-elle devenue un mode de vie parisien ? Grâce en partie à la célébration du compositeur italien, Giacomo Puccini. Son opéra a contribué à en faire le label d’un romantisme insouciant et artistique qui qualifie encore aujourd’hui la jeunesse bobo.
- Genre : Opéra, ballet & danse
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Résumé : Le chef-d’œuvre de Puccini, quoique composé et créé en italien, est presque un ouvrage français par sa source littéraire – le roman de Murger – et le triomphe qu’il connut à l’Opéra Comique à partir de 1898, dans une traduction restée à l’affiche jusqu’en 1971. La Bohème est le plus bel hommage, chaleureux et poétique, que la Belle Époque ait rendu au Paris romantique. De l’opéra italien en 4 actes, Marc-Olivier Dupin et Pauline Bureau font un opéra d’une heure trente en français, accessible, intime et au plus près de ses jeunes protagonistes. La bohème était une réalité parisienne du XIXe siècle. Musique et littérature en ont fait un mythe.
Notre avis : Comme dit Aznavour, la bohème ça voulait dire quelque chose à sa création en 1878 et ça veut toujours dire quelque chose à notre époque. Mais quoi ? Est-ce simplement une pièce de musée qu’on rafraîchit ? Un support pédagogique de musicologie ? Cherche-t-on du charme à une pauvreté dont on appréhende le retour ou à mesurer notre fortune actuelle ? Peu importe, cela fait 1 497 fois qu’on jubile de s’apitoyer sur le sort de la petite Mimi, la jeune héroïne de cette tragédie, confortablement installé dans le décor cossu de l’opéra comique, veillé par des angelots dorés, sous les volutes des pâtisseries de son plafond. Ah ! que la misère est belle et intense quand l’art s’en mêle.
Ah ! la belle époque, où l’on se soignait d’une pneumonie mortifère à l’eau-de-vie, avec le nom du flacon pour seule garantie de guérison. Époque bénie où les cris d’une agonie donnait lieu à une délicate mélodie. Cette version, notre jeunesse, est une réappropriation et un condensât d’atmosphères de l’époque, à la fois parce que le livret est chanté en français, que l’orchestre est restreint à treize musiciens et que sa durée en est écourtée à une heure et demie. Cette version light est d’autant plus goûtue, qu’elle libère en bouquet, tous les grands airs, notamment Si, mi chiamano Mimi (oui, ils m’appelent Mimi).
- Stefan Brion
La première partie est donc un enchaînement des tubes donnant le sentiment d’assister à un meilleur-de, une compilation des succès. Le plaisir est intense, on verse sa larme de joie si tant est qu’on ait un peu de culture et de sensibilité. Les jeunes qui l’interprètent (la nouvelle troupe Favart), le font honorablement. Musette, second personnage féminin est particulièrement bien incarnée par Marie-Eve Munger. La voix touchante de Sandrine Buendia l’emporte sur son jeu de scène un brin naïf, Jean-Christophe Lanière flamboie autant que Kevin Amiel...les seconds rôles sont au niveau des premiers... La traduction française passe crème et l’on se rappelle en lisant les sous-titres Ah c’est ça que chantaient Callas et Pavarotti qui avaient tant marqué ces rôles par leurs performances. L’accordéon qui s’époumone harmonieusement pour se substituer aux vents, confère une gouaille à la partition tout à fait dans le ton réaliste. Très bonne idée d’arrangement.
- Pierre Grosbois
La seconde partie est moins tubesque alors que l’histoire s’enfonce dans le dramatique. Les mélodies sont moins connues, mais la mise en scène de Pauline Bureau prend adroitement le relais. On pleure encore, mais de compassion, ce qui est plus agréable quand on est aussi bien lové dans un fauteuil de velours. Les décors et lumières sont équilibrés avec discernement, entre projections d’images et décors en dur. Posée sur une boîte de nuit dans les rose et bleu, la chambre de Rodolphe est matérialisée par une scène haute faite de quatre poteaux soutenant une charpente. On aperçoit au loin, sous la lune, la tour Eiffel en construction. Les néons du club de jazz clignotent. Sommes nous à Montparnasse ? A Saint-Germain ? En 1880 ? 1950 ? Ou finalement en 2018 ? Le rajeunissement est réussi si il est intemporel.
Le spectacle est joué à la maison mère pour quelques dates mais part en tournée à la rencontre de son public qui, à n’en pas douter, sera aussi ravi que celui de cette première.
A voir et écouter ce remix ! A lire le roman d’Henry Murger qui inspira le livret ! A chanter la Bohême, hymne des romantiques comme la marseillaise est l’hymne national. Écrire sur l’étiquette centrale du vinyl à éditer Bohème, notre jeunesse : Quitte à mourir de quelque chose autant que ce soit d’amour. Qu’un sang pur abreuve les sillons !
Adaptation musicale : Marc-Olivier Dupin
Direction musicale : Alexandra Cravero
Mise en scène : Pauline Bureau
Nouvelle production Opéra Comique Coproduction Opéra de Rouen - Normandie, Théâtre Montansier (Versailles)
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