Bolchoi Arena . T.1 . Caelum incognito - La chronique BD

Première collaboration de Boulet et Aseyn, pleine d’audace et de passion pour la SF, c’est une œuvre à la fois puriste et grand public qui est livrée par le tandem. Mix de Ready player one et No Man’s Sky (ou Freelancer) qui prendrait le meilleur des deux, en introduisant une dimension économique complexe et inédite, Bolchoi Arena paraît ressembler à beaucoup d’autres histoires, mais peut se vanter d’être totalement originale. En vérité, là où certains auteurs incarnaient parfaitement la culture D&D de leur temps, on peut dire que le duo incarne cette génération geek, elle aussi pleine d’érudition et d’imagination. La culture est un poil pop, un peu dark, avec de nombreux clins d’œil, d’autres sympathiques et inattendus comme un maillot rétro NBA. Concernant l’histoire, ce qui était attendu va bien se produire, mais avec une multiplicité de phases qui donnent une richesse aux personnages comme à la plate-forme qui donne son nom au récit. Sorte de tutoriel à l’univers, ce premier tome met en place les limites, les règles et les protagonistes, quitte à tout dépasser en fin de tome, histoire de donner un bon cliffhanger pour imaginer la suite. Une excellente scène d’exposition, qui avait la lourde charge d’amener beaucoup d’informations, mais qui le fait sans côté pesant ou redondant. Vivement la suite, qui devrait pouvoir partir dans de nombreuses directions.

© Delcourt

Sur le dessin, deux constats s’imposent au lecteur. Premièrement, Aseyn et Boulet se sont fait plaisir. Dans cet univers, qui mêle science, images d’exploration spatiales et inventions d’anticipation, il y a de quoi ravir les admirateurs du système solaire et d’au-delà. Mais avec vaisseaux, combinaisons et stations à l’honneur, sans oublier quelques combats et zombies, autant dire que les auteurs s’en sont donné à cœur joie pour construire un univers propre, original, à soi. Pourtant, la seconde impression de lecture est diamétralement opposée à cette idée de foisonnement, car il y a un trait épuré et un décor assez plat, voire vide pour certains parois. Loin d’être rebutant, cet aspect rappelle même plutôt l’ambiance de La Guerre éternelle, qui avait parié sur une certaine sobriété, un choix qui s’était avéré payant à l’époque, et qui l’est encore aujourd’hui.

© Delcourt

Dans le monde du virtuel, Bolchoi Arena n’a pas les attributs d’une révolution, mais plutôt les caractéristiques toutes trouvées pour devenir un très bon classique du genre : profondeur scénaristique, empreinte graphique, profusion des genres, de quoi appeler de nombreuses et élégantes suites.