Le 16 juillet 2021
- Réalisateur : Justin Chon
- Acteurs : Alicia Vikander, Justin Chon, Mark O’Brien
- : Universal Pictures France
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 15 septembre 2021
- Durée : 1h59mn
- Festival : Festival de Cannes 2021
Si cette première œuvre de Justin Chon dénonce avec force l’absurdité du système d’adoption aux États-Unis, pouvant conduire à l’expulsion, la surenchère mélodramatique fait perdre de vue la puissance du projet.
Résumé : L’histoire aussi touchante qu’universelle d’une famille tout à fait américaine qui se bat pour son avenir. Antonio LeBlanc, d’origine américano-coréenne, a été adopté et a passé sa vie dans un petit village du Bayou de Louisiane. Aujourd’hui marié à la femme de sa vie, Katy, ils élèvent ensemble Jessie, la fille de cette dernière, issue d’un premier lit. Alors qu’il travaille dur pour offrir ce qu’il y a de meilleur à sa famille, il va devoir affronter les fantômes de son passé en apprenant qu’il risque d’être expulsé du seul pays qu’il ait jamais considéré comme le sien.
Critique : La question migratoire fait couler de l’encre aux États-Unis, tant du point de vue de ceux qui la rejettent que de ceux qui la promeuvent et défendent par là-même le sort des exilés. Le premier film de Justin Chon s’attache à un sujet guère connu, où les enfants américains qui ont bénéficié d’une adoption sont aussi sujets à des procédures d’expulsion du territoire, s’ils n’ont pas bénéficié d’une naturalisation en bonne et due forme. Ce vide juridique et absolument scandaleux met alors ces enfants devenus adultes dans une situation d’absolue précarité où ils peuvent, d’un jour à l’autre, à la suite d’une vulgaire interpellation par la police, faire l’objet d’une reconduite à la frontière. Cette totale absurdité juridique est illustrée dans ce récit, hélas trop long, qui met en scène un jeune Américain, Antonio Leblanc, qui, en plus de subir quotidiennement la discrimination raciale, se retrouve embringué dans une affaire dont il n’est pas responsable et qui risque de le condamner à quitter le pays.
- Copyright 2021 Focus Features, LLC.
Le projet est noble. De plus, Justin Chon utilise ses propres racines coréennes pour renforcer la vraisemblance du propos. Il donne de sa personne dans une mise en scène qui ne lésine pas sur les émotions, comme l’illustre l’interprétation de ce jeune père de famille, auquel on donnerait le bon dieu sans concession. Et pourtant, Antonio n’est pas que lisse, puisqu’il commet des larcins plus ou moins importants qui l’ont déjà conduit devant un tribunal. Mais ce personnage est surtout la manifestation d’une posture victimaire. Il subit malgré lui les pires situations, qui, d’ailleurs, au lieu de le laisser tranquille, s’accumulent jusqu’à la séquence finale. C’est là que le film rate son objectif. Le scénario s’égare dans des pleurnicheries de plus en plus nombreuses, le malheur n’ayant plus de limite. Cette vision déterministe contre laquelle les personnages sont impuissants finit par lasser, voire écœurer le spectateur. La longueur de l’œuvre renforce d’ailleurs ce surcroît de désespoir, qui prend dimension grandiloquente.
- Copyright 2021 Focus Features, LLC.
Il s’agit d’un premier film : l’emphase est excusable, naturellement. Pour autant, les producteurs auraient pu encourager le réalisateur à nuancer les démonstrations de désespoir et à alléger le récit de cette accumulation de malheurs. Mais même le travail sur la photographie renforce ces excès, qui font dériver le long métrage vers la maladresse, en alourdissant la teneur générale. Cette volonté d’en faire trop, avec des jeux sur les ralentis, le brouillage des lignes, n’apporte rien au récit, qui se perd définitivement dans l’ostentation, alors qu’un tel sujet méritait la prudence et la nuance. Le générique final rappelle le combat juridique à mener en faveur de ces orphelins du monde, qui trouvent des familles adoptives aux Etats-Unis. C’est ce qu’on retiendra de cette œuvre qui, à trop vouloir donner, s’éloigne de son objectif légitime.
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