L’âge d’or
Le 14 novembre 2012
Ce premier long-métrage de la cinéaste israélienne Hadar Friedlich décrit, à travers le regard d’une vieille femme, des lendemains qui déchantent dans le cadre utopique d’un kibboutz. Un film appliqué et ambitieux, mais qui reste un peu timide.
- Réalisateur : Hadar Friedlich
- Acteurs : Batia Bar, Yael-Gili Ben Ouzilio, Hadar Avigad
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Français
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Emek tiferet
- Date de sortie : 14 novembre 2012
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Ce premier long-métrage de la cinéaste israélienne Hadar Friedlich décrit, à travers le regard d’une vieille femme, des lendemains qui déchantent dans le cadre utopique d’un kibboutz. Un film appliqué et ambitieux, mais qui reste un peu timide.
L’argument : À 80 ans passés, Hanna est une figure du kibboutz qu’elle a contribué à créer dans les années 50, après la naissance d’Israël. Au travail comme dans sa vie de tous les jours, elle veille au respect des valeurs collectives et se donne sans compter pour la communauté. Quand le kibboutz, menacé de faillite, nomme sa fille Yaël à sa direction pour mener une campagne de privatisation, Hanna n’a d’autre choix que d’entrer en résistance...
Notre avis : Beautiful Valley raconte une histoire de fin d’un monde, celui d’une coopérative agricole verdissant au milieu du désert israélien. Fin d’un monde, qui pour le personnage principal signifie la fin du monde tout entier : il ne reste rien d’autre à Hanna, le témoin de cette déréliction générale, que la volonté d’une lutte acharnée pour faire exister cet environnement, et de là, exister elle-même. C’est ce lien organique qu’Hadar Friedlich parvient à décrire avec justesse, adoptant le point de vue plutôt audacieux de cette vieille dame qui continue à se définir comme kibboutznik, avant d’être mère, amie ou femme. La façon dont le personnage révèle peu à peu sa dureté intérieure, qui cause des dommages directs sur son entourage, propose une glose subtile sur l’aveuglement que peut provoquer l’engagement total envers une idéologie. Hanna est en fin de compte une femme du XXème siècle, que cette ère nouvelle emplit de confusion, et qui refuse de se soumettre – malgré son corps et malgré la résistance d’autrui – au changement d’époque. Le passage d’une génération à une autre signifie également la perte des croyances et des valeurs communes – l’un des personnages secondaires les plus touchants et complexes est sans doute celui de cette jeune fille du kibboutz, en âge de partir à l’armée et effrayée par son service militaire, et qui redouble d’affection pour sa grand-mère d’adoption.
Beautiful Valley est assurément un film élégant, mais d’une élégance si précautionneuse qu’elle manque parfois d’incarnation, et en demeure au stade d’une démonstration froide. Le rapport au passé, au présent et à une vie qui risque de s’éteindre bientôt sont autant de thèmes explicitement évoqués par le film, mais qui souvent restent un peu à distance du personnage – et par conséquent de nous –, tant le jeu très intérieur de la comédienne principale et une réalisation sans bavures conservent leur caractère appliqué. Là où l’émotion menace de devenir trop effusive, Hadar Friedlich l’étouffe aussitôt pour revenir à son strict propos, traitant certaines relations pourtant riches de situations – celle entre Hanna et sa fille, ou entre Hanna et une « rivale » ancienne à la vie brisée par le kibboutz – comme des passages obligés ou des moments légèrement théoriques. La cruauté et la sècheresse suggérées par le scénario ne sont dès lors qu’effleurées par le film, qui demeure dans un entre-deux indécis, comme si la cinéaste, pour ce premier long-métrage, avait hésité à suivre jusqu’au bout toutes ses intuitions. Vallée étrange, donc, que l’on traverse sans désagrément, mais en conduisant à vue.
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