Hip-hop thé-rap-ie…
Le 27 juin 2019
Ce deuxième long métrage de Chris Robinson, réalisateur émérite de clips et publicités, aurait probablement gagné a être plus sombre.
- Réalisateur : Chris Robinson
- Acteurs : Anthony Anderson, Uzo Aduba, Khalil Everage, Paul Walter Hauser, Emayatzy Corinealdi
- Genre : Musical
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 130 minutes
- VOD : NETFLIX
- Chaîne : NETFLIX
- Scénariste : Miles Orion Feldsott
- Genre : Drame
- Date de sortie : 19 juin 2019
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Résumé : Dans le quartier de South Side à Chicago, un ado génie du hip-hop souffrant d’angoisses suite à un drame familial tente de se reconstruire avec l’aide d’un coach inattendu…
Notre avis : Chris Robinson est une pointure du clip alignant les collaborations avec 50 Cent, Snoop Dogg, Alicia Keys, Jay-Z ou Erykah Badu (Grammy Award 2009 pour Honey) et les pubs pour Reebok, Orange, Budweiser, Kodak, Apple ou Coca-Cola. En 2006, il signe son premier long métrage, ATL sur fond de drogue et hip-hop et remporte un vif succès outre-Atlantique. La pub et le clip étant de redoutables écoles de réalisation, autant dire que notre homme sait découper au cordeau une séquence, jouer sur les focales, pondre des cadres et des mouvements de caméra improbables et autres jump-cuts. Si bien que Beats démarre fort avec un générique-clip-diaporama ultra soigné en noir et blanc après une violente séquence d’ouverture posant les tristes racines du propos : ghetto noir, misère sociale, trafics, gangs et meurtres gratuits pour un oui ou un non, le tout au son du hip-hop.
- Copyright Netflix
August vit reclus dans sa chambre depuis des mois après la mort de sa sœur abattue par un gang. Seul avec sa mère, épuisée par un boulot de merde, il est prisonnier d’une vie a priori sans issue. August, entre deux bols de céréales, passe ses journées à composer des beats hip-hop sur son PC. Il sèche les cours et il est loin d’être le seul : le taux d’absence au lycée est tel que les budgets vont être coupés, et que Romelo, responsable de la sécurité, va frapper aux portes pour demander aux ados de revenir fissa en classe. Lorsqu’il frappe chez August et entend ses compositions, il décèle en lui un génie du beat. En fait, Romelo est l’ancien manager ruiné de Tony Bigs, un rappeur star, hélas assassiné, qu’il avait découvert. Il décide d’aider August à se reconstruire, sortir, enfin, et surtout à démarrer une carrière qui ne pourrait être que succès.
Beats entre dans cette catégorie pénible des films dont on ne peut dire qu’ils sont ni mauvais, ni bons. Certes, Robinson, n’est pas l’auteur du scénario, mais il aurait pu intercéder en tant que co-producteur et réalisateur, pour le noircir un peu plus et éviter un traitement trop lisse, frisant parfois avec la candeur du film « ado », du quotidien de South Side Chicago et de la mafia du hip-hop ; les personnages de producteurs et managers employant le mot « famille » ou se donnant rendez-vous dans des arrière-salles de billard avec gardes du corps. D’autant plus qu’en tant que co-fondateur depuis 2003 de RockCorps qui encourage le bénévolat « pour se rassembler, se connaître, construire des quartiers et s’amuser à le faire »*, il a certainement un vécu pour y puiser l’inspiration. Mais comme la rédaction n’est pas dans le secret de la production, de nos conjectures, nous en resterons là…
- Copyright Netflix
Si Beats n’est pas mauvais, c’est grâce à l’ambiguïté des rapports entre August et Romelo, chacun ayant finalement besoin de l’autre. Leurs rencontres sont l’occasion de moments de comédies où l’on s’amuse du coaching à la Rocky ou du comportement roublard de Romelo, avec un August en mode Rain Man du hip- hop ; où l’on remet sur la platine vinyle de vieux standards, histoire de rappeler que le hip-hop, ça se fait dans la douleur, qu’un roi comme RZA n’avait pas de PC et de loopers à ses débuts ; et surtout on aimera ces moments intimes, où nous sommes témoins, via la discrète caméra de Robinson, des causeries d’un Romelo (excellent Anthony Anderson) coach d’August (Khalil Everage, un nouveau à surveiller), se livrant à sa psychothérapie sauce musique et sales coups de la vie. Des instants qui précisément auraient mérité d’être développés, au détriment de passages plus anecdotiques ou de séquences musicales de facture honnête sans plus, et ainsi, peut être, éviter une fin un peu trop expédiée et en demi-teinte.
Si bien que c’est plus la réalisation en sobriété de Chris Robinson, avec quelques pincées jetées à bon escient de trucs appris à la dure dans le clip et la pub, qui sauve ce Beats.
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