Escale d’été : Espagne
Le 21 août 2002
Phénomène de mode, Etxebarria a très bien compris dans quel sens souffle le vent.


- Auteur : Lucia Etxebarria
- Editeur : Editions 10-18
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Espagnole

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Les filles font recette ! En matière éditoriale, tout au moins. Le phénomène gagne du terrain, ne nous laissons pas leurrer par les variantes. Bridget Jones, Hell, Minty Malone... L’ennemi peut changer de visage, et traverser les frontières !
Lucia Etxebarria nous avait déjà infligé sa vision du monde dans son premier roman, Amour, Prozac et autres curiosités. La voilà qui récidive avec Béatriz et les corps célestes, dont le genre semble osciller entre une version trash des Quatre filles du Dr March et Le diable au corps raconté aux enfants.
Béatrice se cherche, et pense pouvoir soulager ses angoisses existentielles à grand coup de whisky et d’ectasy, dans les bars chauds des nuits madrilènes. Elle va aimer Monica, vivre avec Cat, coucher avec Ralph, échapper à deux viols, rater une carrière de trafiquante d’armes, déprimer en Ecosse, laisser filer un beau parti, et se retrouver quatre ans plus tard, pas beaucoup plus avancée.
Il y a quelques mois, les lecteurs espagnols s’affolaient pour La insensata geometria del amor, premier roman d’une journaliste argentine, qui parlait d’amour et d’homosexualité féminine dans une histoire ennuyeuse à mourir et d’un conformisme consternant. Lucia Etxebarria joue sur ce même tableau. "On va parler des histoires de drogue et de cul des petites filles riches, et qu’est-ce que ça va être sulfureux." Le problème, c’est que justement, ça n’est jamais sulfureux. Les récits cent fois répétés des virées nocturnes n’ont aucun intérêt, le pillage des pharmacies maternelles a des airs de réchauffé, quant aux essais comparatifs hétéro/homo, usant jusqu’à la corde la métaphore constellatoire et le syllogisme à deux sous, c’est le feuilleton de l’été de Nous deux. Un aperçu au hasard : "J’avais envie de me construire une chapelle, un espace du désir, un territoire à part, privé, qui contienne les images, les rituels, les prières de l’amour."
Phénomène de mode, Lucia Etxebarria est une enfant du siècle qui a parfaitement compris dans quel sens soufflait le vent, et qui sait qu’une petite odeur de scandale, bien dosée, fait souvent oublier une absence d’écriture.
Béatrice et les corps célestes a reçu en 1998 le Prix Nadal, qui, comme notre Goncourt, a couronné des textes indispensables avant de sombrer, lui aussi, dans la littérature Kleenex.
Lucia Etxebarria, Beatriz et les corps célestes (Beatriz y los cuerpos celestes), 10/18, 7,80 €