Le 20 juillet 2018
Se pourrait-il que le meilleur blockbuster de 2018 vienne tout droit de Corée du Sud ? Battleship Island concourt sérieusement au titre. L’édition blu-ray est à l’image du film, impressionnante.
- Réalisateur : Ryoo Seung-wan
- Acteurs : Hwang Jung-min, So Ji-seob , Song Joong-ki, Lee Jung-hyun, Kim Su-an
- Genre : Action, Historique, Film de guerre
- Nationalité : Sud-coréen
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Durée : 2h32mn (en version longue)
- Titre original : Gun-ham-do
- Date de sortie : 14 mars 2018
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Résumé : Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs centaines de Coréens sont emmenés de force sur l’île d’Hashima par les forces coloniales japonaises. L’île est un camp de travail où les prisonniers sont envoyés à la mine. Un résistant infiltré sur l’île élabore un plan d’évasion géant, afin sauver le plus grand nombre de prisonniers possible...
Notre avis (de la version longue) : Avec son affiche misant sur la surenchère grotesque et tellement mal exécutée qu’elle semble avoir été créée pour un énième DTV, Battleship Island ne profite pas d’une vitrine représentative de cette mégaproduction coréenne. Pourtant, et pour une fois il faut s’y fier, les quotes taille de police 72 dithyrambiques mettent la puce à l’oreille que ce film d’action n’a pas les ambitions de se noyer dans la masse des autres productions du même genre. Six mois de tournage, un budget faramineux pour la Corée du Sud (21 millions de dollars, loin des blockbusters américains cependant) et le plus grand décor cinématographique jamais construit dans le pays, voilà les informations décisives pour comprendre l’importance de ce spectacle d’envergure. Se penchant qui plus est sur une zone d’ombre passionnante de la Seconde Guerre mondiale (sujet décidément inépuisable), Battleship Island a cette saveur de grande fresque épique, genre en raréfaction depuis bien des années. L’ampleur du projet souligne la difficulté du défi à relever et le grand succès qui en découle. Œuvre fleuve de 2h30 créant un véritable microcosme par cette île fortifiée, le film réunit absolument tous les ingrédients pour immerger le spectateur dans cette prison géante, réplique d’une simili-société sous le joug d’une dictature militaire.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Pas plus qu’un film d’évasion qu’un film sur la survie dans un environnement plus poisseux que Bang Kwang (bien que le premier soit la conséquence directe du second), Battleship Island ne tient pas tant pour ses scènes d’actions, peu nombreuses (mais absolument spectaculaires), que sur le quotidien dépeint. L’écriture, par simplification compréhensible, fait reposer la personnalité de ses protagonistes sur des stéréotypes néanmoins rassembleurs dans les images et messages véhiculés. Faute de temps le film ne s’embête pas pour sortir ses personnages de schémas récurrents dans ce genre de productions démesurées. En réalité, Battleship Island rappelle même La Grande Évasion, autre grand film d’aventure unificateur mais pas réputé pour sa grande finesse. Les deux introduisent et jonglent parfaitement entre les différents enjeux et personnages pour insuffler un souffle épique à cette évasion. Ainsi les protagonistes coréens profitent sans trop de balourdise d’un scénario là pour mettre en valeur leur courage et noblesse d’âme, que ce soit avec un gangster qui s’amourache d’une jeune prostituée coréenne ou d’un père qui tente de protéger coûte que coûte sa fille, l’occasion d’affecter au récit un tendre (et pas crétin) esprit familial au milieu de cet environnement musclé.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Tandis que les gentils Coréens agissent comme des gentils, avec bonté, solidarité, et classe (beaucoup de classe), les méchants Japonais agissent comme des méchants, avec traîtrise, lâcheté et cruauté (beaucoup de cruauté). Soumis à la simplification d’un camp comme de l’autre, Battleship Island oppose deux nations avec le plus grand des manichéismes. Aucun attachement avec les Japonais n’est rendu possible parce qu’aucun contrepoids n’est réalisé afin de compenser des personnages japonais en tout point antipathiques (jusqu’aux civils, montrés comme des moutons dont on aurait lavé les cerveaux). Le combat entre les deux repose donc sur une binarité sans équivoque qui n’aurait pas de conséquence sur la qualité du film si cet acharnement à rendre détestable ces personnages n’occasionnait pas quelques maladresses. La dernière réplique de Battleship Island est le fruit de ce manque total de recul et de maturité envers cet affrontement, et heureusement que le film vise un quasi-sans faute en terme de spectacle, car l’envie démange de casser cette conclusion un peu nauséabonde. Le blockbuster préfère le sensationnel et le grandiloquent plutôt que la sagesse et la justesse pour traiter les immenses pertes humaines engendrées par la guerre. Le divertissement est total, parfois drôle, parfois émouvant, mais pas toujours réfléchi.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Le blu-ray :
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Les suppléments :
Un petit making-of en mode blockbuster, avec une musique tonitruante tout au long de ces neuf très courtes minutes. C’est trop succinct, ça ressemble à un climax qui tabasse le crâne, mais on y apprend malgré tout quelques informations sur cette œuvre mastoc. Second bonus, un entretien avec le réalisateur, plutôt intéressant, où sont notamment évoquées les deux versions du film. Enfin, des bandes-annonces de productions éditées par Metropolitan sont proposées.
L’image :
Une petite dinguerie pas loin du top démo. La très belle photographie s’exprime à merveille par des couleurs chatoyantes. Le piqué se révèle remarquable tant le film se déroule beaucoup la nuit et par faible luminosité sans que faiblisse la précision des plans. Tellement précis qu’on y entrevoit les ratés de textures venant des effets spéciaux, malgré tout très bons, et qui n’entachent pas l’immersion. Enfin, les textures crasseuses, la sueur, la terre, les vêtements délabrés obtiennent un rendu saisissant.
Le son :
La VO en 5.1 DTS-HD ne fait pas dans la subtilité et c’est bien ce qui nous enchante. La lourdeur des explosions et des batailles prend aux tripes, avec un caisson de basse déchaîné. Le meilleur dans cette brutalité : les détails ne se font pas écraser et l’ensemble des éléments sonores cohabitent avec équilibre. A noter que la version longue ne présente que la VO. VO plus complète et moins dans la retenue que la VF, présente elle aussi en 5.1 DTS-HD, sur la version cinéma.
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