Batman Judge Dredd - La chronique BD

Après avoir réalisé un saut inter-dimensionnel, Judge Death débarque à Gotham et ne tarde pas à commettre son premier crime. Il n’en faut pas plus à Batman pour le prendre en chasse. Après l’avoir vaincu, le justicier découvre un télé-porteur dans ses effets personnels et l’active par mégarde. Le Chevalier Noir de Gotham se retrouve alors piégé à Mega-City One, où il tombe nez à nez avec un autre juge : JUDGE DREDD...

Batman/Judge Dredd ou la rencontre de deux icônes de la pop culture. Cette anthologie rassemble l’ensemble des crossovers entre l’univers de deux des personnages de comics books parmi les plus populaires. Au fil de leurs aventures, on suit nos deux héros passer successivement d’une dimension à une autre. De Mega-City One à Gotham City, chacun a donc alternativement le rôle de visiteur et d’accueillant. Ils ont à ce sujet pour point commun de s’acquitter volontiers de cette mission à coups de tatanes. Visualiser la rencontre entre deux silhouettes aussi légendaires est toujours un plaisir. L’enjeu de ces histoires est toujours de mettre en avant (à grandes projections d’hémoglobine) l’antagonisme de ces deux figures extrêmes, qui sur bien des sujets se retrouvent aux opposés d’un même prisme.

Judge Dredd est la personnalisation de la loi dans un système fasciste qui sert de caricature mais permet aussi de mettre en scène avec second degrés, un bourrin de compétition. Au contraire, Batman est un personnage très premier degré qui évolue dans l’ombre, en totale contradiction avec la loi, bien que son code moral lui interdise de tuer. Sa figure de justicier masqué se confronte à celle du juge dont le nom est synonyme d’exécution immédiate. Ils ont toutefois pour point commun l’usage extrême de la violence qu’ils mettent au service d’une justice expéditive.

L’opposition de leur vision du monde est ici mise en scène avec humour dans les différents univers dans lesquels ils sont ballotés. Les passages où ils se confrontent chacun au décalage d’une dimension étrangère sont assez plaisants et constituent les meilleurs moments de cet album.
Malheureusement le fil conducteur de ces passages est le vilain en chef, Judge Death dont la prédominance dans le récit est dommageable. Ses apparitions et l’exécution de son mantra maléfique sont répétitives. Ce n’est probablement pas pour rien que le meilleur épisode, l’arène des super-héros, est le seul dont il est absent. Cette revisite du Running man aurait d’ailleurs mérité un album dédié et approfondi.
Par ailleurs, l’alternance des illustrateurs aux univers graphiques si différents est préjudiciable au récit. Les dessins si particuliers de Glenn Fabry correspondent assez bien à l’imaginaire malsain et baroque de Judge Death. On s’éloigne cependant beaucoup du classicisme comics des années 90 de Simon Bisley et ce grand écart rend l’immersion et la lecture quelque peu fastidieuses.
Pas une lecture incontournable mais un bel ovni pour les fans purs et durs.