Le 25 septembre 2020
Si le film entretient l’ambiguïté entre le documentaire et l’œuvre de fiction, la vraisemblance du sujet est mise à mal par une interprétation des comédiens et une mise en scène un peu poussives. Mais l’humour et la cocasserie des situations sauvent résolument cette fiction militante.
- Réalisateur : Pierre Zellner
- Acteurs : Jean-Jacques Vanier, Anne-Laure Gruet, Antoine Jouanolou, Xavier Bonastre, Olivier Pagès, Judith Besnard
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 26 novembre 2020
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Résumé : En 2020, dans un contexte social plus tendu que jamais, une communauté d’activistes perd l’un des leurs lors d’une manifestation, sous les coups des forces de l’ordre. Suite à ce drame, ils vont enlever des patrons du CAC 40 pour forcer Emmanuel Macron à appliquer une réelle politique anti-capitaliste.
Critique : On ne peut pas imaginer une situation plus cocasse que celle de l’enlèvement des principaux responsables des entreprises du CAC 40 par une bande attachante d’activistes révolutionnaires socialistes. Même Emmanuel Macron est mis en scène dans cette aventure aussi rocambolesque que dramatique, sur fond de crise économique grave et de ruptures sociales profondes au sein de la société française, amenant le président parodié à revêtir l’habit d’un communiste internationaliste et écologiste. Pierre Zellner ne manque pas d’air ! Il fait cuire des pâtes par ses chefs d’entreprise, leur fait passer le balai dans le local qui sert d’espace de mise en quarantaine, les fait travailler comme dans leurs propres entreprises, et surtout fait endosser à Macron une alternance politique à 300 %, en engageant la nationalisation des principaux groupes, en abrogeant les dividendes, en annulant la dette des pays du tiers-monde et en régularisant l’ensemble des sans-papiers. Politique-fiction ? Peut-être. En tout cas, voilà un sujet détonnant qui ne manquera pas de faire frémir les plus capitalistes d’entre nous et de faire rire avec délectation les militants de gauche, jusqu’à une certaine limite tout de même.
- Copyright Destiny Films
Même si le film use de la fiction, il n’en dénonce pas moins les excès du néolibéralisme. On parle des pratiques de délocalisation des grands groupes, des pratiques fiscales douteuses, des conditions de travail aberrantes, sous couvert d’un personnage qui joue le rôle d’un documentaire. Le docu-fiction est sans doute le genre plus adapté à ce film absolument original. La représentation esclavagisée des chefs d’entreprise kidnappés est en revanche assez gênante, faisant apparaître certains protagonistes sous le joug de boulets accrochés à leurs pieds, certes, portant le nom d’un organisme bancaire célèbre, jusqu’à l’étalonnage qui donne à l’image un grain évoquant une sorte de téléréalité tournée au sein même de l’atelier de rétention des patrons. Tout est fait pour renforcer l’aspect réaliste du récit. Des émissions de télévision ou de radio sont insérées à la fiction, jusqu’à donner la voix à Danielle Obono elle-même ou les célèbres humoristes de France Inter Guillaume Meurice et Charline Vanhoenacker, qui confortent les intentions du cinéaste : composer une fable politique.
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Mais le film souffre de vrais défauts, particulièrement dans le jeu des comédiens. On ne peut pas dire qu’ils ne prennent pas de plaisir et d’entrain à jouer, mais leur interprétation demeure souvent maladroite et inégale. On mesure dans cette unité de lieu, dans la simplicité des effets visuels de la caméra, que les moyens ont été très faibles pour le tournage du long métrage, en dépit de la liste des donateurs qui terminent le générique. Pour autant, un distributeur courageux fait le pari de diffuser cette œuvre dont le succès se fera sans doute de bouche à oreille et dans les réseaux militants de gauche. Le propos n’échappe pas à la démagogie parfois, mais on comprend que l’enjeu du film est de faire rire tout en témoignant sur des événements sérieux, et peut-être de remettre de la paix dans les rapports sociaux. L’autre défaut demeure la prévisbilité du scénario. On comprend très vite que le système mis en place par les séditieux devient aussi délétère et violent que le système capitaliste qu’ils rejettent eux-mêmes. C’est d’ailleurs au moment où le récit bascule vers la tyrannie des militants révolutionnaires que le film s’emballe et privilégie une tonalité plus laborieuse.
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Basta capital n’est pas tout à fait convaincant, mais suffisamment original et personnel pour donner envie aux spectateurs de s’y inviter, d’autant qu’il a été financé en grande partie par des dons, comme le feraient d’ailleurs des artistes militants.
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