Le 29 août 2023
Si le sujet est éminemment d’actualité s’agissant notamment de la question du réchauffement climatique et du poids du déterminisme culturel au Sénégal, la mise en scène manque un peu de punch et paraît bien timide au regard des enjeux que porte le film.
- Réalisateur : Ramata-Toulaye Sy
- Acteurs : Khady Mane, Mamadou Diallo, Binta Racine Sy, Moussa Sow, Ndiabel Diallo
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Sénégalais, Malien
- Distributeur : Tandem
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 16 septembre 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 30 août 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Résumé : Banel et Adama s’aiment. Ils vivent dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Du monde, ils ne connaissent que ça, en dehors, rien n’existe. Mais l’amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n’y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos.
Critique : Ils se sont mariés, après que Banel a perdu son premier mari. Ils se sont promis qu’ils habiteraient la magnifique demeure, figée dans le sable, et qu’ils échapperaient à la pression des conventions de leur village. D’ailleurs, Adama refuse le statut de chef qui lui est pourtant promis. Il le refuse parce que sa liberté d’éleveur, d’époux et d’homme est plus importante que le conservatisme auquel son village le contraint. Banel, elle, refuse d’avoir un enfant même si elle sait qu’en l’absence de garçon, son mari épousera une deuxième femme qui permettra à sa lignée de chef de se perpétuer. Mais la sécheresse endémique s’en mêle et tout ne se passe pas comme prévu.
- © 2023 La Chauve-Souris / Take Shelter. Tous droits réservés.
Banel et Adama est un beau film. Les images du fleuve et du désert sont particulièrement magnifiques. Jusqu’au bout du long-métrage, on est subjugué par la puissance des paysages. La réalisatrice parvient à capter dans sa caméra les animaux sauvages, l’intensité monstrueuse du ciel privé de pluie et et la magnificence des collines désertiques. Même les troupeaux morts à cause de la soif, éparpillés dans les champs, sont remplis d’une beauté vibrante. Ramata-Toulaye Sy filme au plus près des visages et des paysages. Elle perçoit dans l’œil de sa caméra la dureté du travail agraire, la sensualité des amoureux, et le conservatisme des traditions.
Mais la beauté ne suffit pas à rendre un film vraiment intéressant. En effet, la réalisatrice choisit un point de vue très romantique sur un sujet qui est plus politique et sociétal. La pénurie d’eau va devenir un problème international majeur. Pourtant, Ramata-Toulaye Sy reste timide sur la question. Elle préfère traiter de la volonté d’un couple d’échapper au déterminisme familial, plutôt que de brosser les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique pour l’avenir de l’Afrique. Bien sûr, les élevages meurent de soif, les personnes s’adonnent à l’inertie pour échapper à la brutalité du soleil. Mais on reste un peu sur sa faim, s’agissant d’une problématique aussi importante.
- © 2023 La Chauve-Souris / Take Shelter. Tous droits réservés.
Toutefois, il est vraiment de bon ton de voir arriver en compétition officielle un film sénégalais. Le cinéma africain, assez important en cette 76e édition, est en plein mouvement et a beaucoup à dire sur le monde d’aujourd’hui et celui de demain.
Banel et Adama laisse ainsi un souvenir mitigé à la sortie du film. On ne se départit pas si facilement des magnifiques images du village où le couple vit. Pour autant, on a le sentiment étrange d’être passé à côté de l’essentiel du drame qui se joue particulièrement dans ce pays d’Afrique qui, comme beaucoup d’autres du continent, devrait être amené à connaître des sécheresses dramatiques avec son flot de vagues migratoires vers des pays plus respirables.
– Festival de Cannes 2023 : Sélection officielle, en compétition
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