Bagnard de Guerre – Philippe Pelaez, Francis Porcel - la chronique BD

Critique : Ferdinand est plongé dans un des pires endroits de la planète. Il a connu les tranchées sauf qu’ici, il ne s’agit plus de la guerre mais bien des lois infâmes du bagne. Autant dire que Ferdinand n’est pas arrivé au bout de ses peines et qu’il continue à subir de nombreuses injustices. L’intrigue se renforce d’un mystère : quelqu’un semble protéger Ferdinand, tandis qu’une autre personne le menace. Mais qui sont cet ami et cet ennemi tous deux invisibles ? Une énigme à résoudre, alors que Ferdinand fait la connaissance des autres prisonniers. Des liens se tissent, les haines se tendent, comment le héros va-t-il se tirer de ce guêpier et par où le coup va venir ? Cette tension règne sur l’album mais, selon nous, il manque quelque chose au récit pour rendre le personnage plus attachant, pour créer un véritable suspense autour de lui. En fait, Ferdinand ne s’inquiète pas de son sort. Il fait ce qu’il a à faire et accepte que sa vie ne tienne qu’à un fil, même s’il se bat pour survivre. Mais la tension manque dans ce récit, car le protagoniste n’est pas plus inquiet que nous. Il réagit contre l’injustice frappant le seul ami qu’il se fait, le jeune violoniste David, mais prend la vie comme elle vient, suivant pas à pas ses idées.

Philippe Pelaez et Francis Porcel – Grand Angle

Francis Porcel illustre ce récit et nous dépeint l’enfer vert de Cayenne. Si vous avez vu le film Papillon, tout vous sera familier, les décors, les tenues, l’ambiance. Mais Fancis Porcel manie les couleurs avec retenue. Rien n’éclate au premier coup d’œil. Tout est contenu. Le vert de la jungle, le gris du ciel, les ombres de jour comme de nuit se répandent. D’habiles mélanges de teintes, sans contours sur les plantes folles alliés à des jeux de clair-obscur recréent une nature foisonnante. En intérieur, des effets de hachures tranchent avec des aplats de noir alors que les teintes ocres des bâtiments mêlés aux jaunes des flammes qui éclairent les personnages. Ce travail graphique, joint aux cartons présentant les pensées de Ferdinand, son argot et ses descriptions, apportent une originalité à cette histoire de prison.

Bagnard de Guerre et son petit tour au bagne de Cayenne offrent un scénario classique de prison, où la tension dramatique manque un peu, une lacune vite rattrapée par le travail graphique et les couleurs.