Bag of bones – la critique

Adaptation trop fidèle du roman éponyme, cette série B prenant sa source dans les années 80 constitue une alternative éventuelle au pavé de 600 pages du maître de l’horreur. Les aficionados, quant à eux, passeront leur chemin...

L’argument : Mike Noonan, un auteur de romans à succès incapable de se remettre de la mort soudaine de sa femme, Jo, décide de retourner vivre dans leur maison du Maine au bord d’un lac. Il reçoit alors la visite de fantômes et fait cauchemar sur cauchemar...

Notre avis : Est-il encore besoin de présenter l’écrivain américain dont les romans se sont vendus à plus de 350 millions d’exemplaires à travers le monde ; lui qui est également considéré comme l’auteur vivant le plus adapté au cinéma ? À ce propos, les ingénieux Stanley Kubrick, Brian De Palma et David Cronenberg s’en sont sortis à merveille avec respectivement Shining, Carrie au bal du diable et Dead zone. Plus près de nous, les fervents Rob Reiner et Frank Darabont (à deux reprises pour le premier contre trois pour le réalisateur des Évadés) ont su en tirer profit, tant de la part de la critique que du public ; c’est tout à leur honneur, d’autant plus que la tâche s’annonce régulièrement périlleuse quand il s’agit de s’attaquer à l’un des nombreux ouvrages de Stephen King. De ce fait, avec le dévoué Mick Garris aux commandes, on peut difficilement parler dans le cas présent d’une rencontre au sommet entre deux "masters of horror" (d’ailleurs, la dénomination glorieuse faite à l’égard de Garris ne trouve son origine que par sa contribution à la série éponyme qu’il créa, et cela le temps d’un épisode indépendant des autres pour le compte de chacune des deux saisons existantes). À l’occasion de la présence de Mick Garris durant toute la quinzaine de la 30ème édition du BIFFF, en tant que président du jury de la compétition internationale, les organisateurs avaient programmé pour le coup la projection de Bag of bones à minuit... D’une durée de près de trois heures, il y avait intérêt à être bien éveillé pour entrer dans cette adaptation de l’univers fascinant du roi de l’angoisse et des intrigues biscornues (avec cet art narratif sans pareil !). Précédemment diffusée sur A&E, cette mini-série constitue une collaboration télévisuelle supplémentaire entre les deux hommes, vieille de deux décennies puisqu’elle remonte à la sortie sur grand écran de l’indigeste La nuit déchirée. Cette nouvelle incursion sans la moindre once d’originalité a toutefois le mérite de captiver le spectateur jusqu’au dénouement final. Néanmoins, encore faut-il ne pas avoir lu le roman original ! Tous les thèmes chers à l’auteur ne manquent pas à l’appel (l’écrivain en proie à la folie, l’angoisse de la page blanche, le racisme à l’égard des personnes de couleur noire, la violence au sein de la cellule familiale...) dans ce récit où le poids du passé subsiste en étant profondément enfoui sous terre. Pierce Brosnan, alter ego à peine déguisé de l’écrivain, apporte fraîcheur et densité au personnage et ce malgré quelques cabotinages malvenus. Au bout du compte, toujours aussi fidèle à lui-même et à son ami de longue date, le "téléaste" Mick Garris (en bon artisan qu’il est tout au plus) ne s’en tire pas trop mal pour ceux qui ne connaissent pas encore les tenants et les aboutissants de cette histoire tortueuse. Quant à ceux qui ont tenu le bouquin entre leurs mains par le passé, ils ne pourront être que rebutés par la mise en scène ultra classique, trop démonstrative voire grotesque de temps à autre dans un style ringard (limite niais) des années 80. Depuis le temps qu’on vous rabâche que Mick Garris est un élève besogneux sans aucun génie, vous voilà maintenant prévenus...