Baden Baden - la critique du film + le test DVD

Critique : Rachel Lang a voulu, à travers une esthétique du fragment, saisir un personnage contemporain dans sa complexité, faite d’avancées et de reculs, d’indécisions, d’attachements quasi enfantins et de désirs. Dire que c’est très original serait excessif, tant les séquences qui suivent Ana au plus près tiennent d’un naturalisme de bon aloi, mélange de tons, scènes anodines accolées les unes aux autres de manière à former un sens que le puzzle révèle peu à peu.
Alors certes, le charme opère parfois, parce que la comédienne incarne son personnage avec délicatesse, ou en raison de trouvailles comme le plan-séquence initial, qui séduisent. D’autres moments paraissent plus laborieux, à la fantaisie un peu forcée ou au caractère transgressif artificiel (Ana rote, parle crûment...) .
Mais si le film gagne son pari, c’est par un faisceau de petits décalages qui amènent cette comédie légère vers un ailleurs plus dramatique : l’héroïne, qui ne trouve pas sa place (dans un chantier ou un magasin, elle se trouve dans la partie interdite), prend de la hauteur, va chercher de la force dans la contemplation (« force » est le dernier mot du film) ; mais au fond c’est la vie elle-même qui tourne au drame : l’avortement, le décès de la grand-mère (splendide séquence, toute de retenue) font d’Ana un personnage en maturation, dont on sent qu’elle va arrêter la procrastination ; et la rencontre finale, même vouée à une issue rapide, est un vrai choix.

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Au passage, Baden Baden pose un regard acéré sur une génération assez paumée, jugée sans cesse par ses aînés, inapte à s’engager et à fonder ; sans viser la réflexion sociologique, et heureusement, Rachel Lang trouve une certaine justesse pour décrire un passage, douloureux, aventureux. Sa force, c’est de le décrire au présent, sans discours inutiles, ni recherche de causes. Là, incidemment, une petite mélodie se fait entendre qui atteint une sensibilité exempte de sentimentalisme. C’est la vraie réussite du film, avec, disons-le comme une évidence, le choix de Claude Gensac, magistrale et lumineuse, pour interpréter la grand-mère.

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Les suppléments :
L’entretien avec la réalisatrice replace le film dans un triptyque, avec deux courts-métrages, s’explique sur le titre, le choix de l’actrice principale et les thèmes majeurs ; son phrasé singulier, heurté, gêne parfois la pertinence des propos mais l’intérêt est indiscutable (6 minutes). C’est ensuite la comédienne Salomé Richard qui revient sur la relation qu’elle a développée avec la cinéaste et le tournage (6 minutes).

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L’image :
La copie proposée est conforme aux exigences contemporaines : naturel des couleurs, piqué et contrastes impeccables. On admirera l’actrice principale, si souvent en gros plan, dans les moindres détails de sa peau.

Le son :
Quel que soit le choix de la version (2.0 et 5.1), la restitution des ambiances comme des dialogues ou de la musique est de bonne tenue, avec beaucoup de chaleur pour cette dernière. Si certaines répliques sont inaudibles, la piste n’y est pour rien. Des sous-titres en anglais sont optionnels.