Le 24 novembre 2018
- Genre : Film de guerre, Érotique, Film animalier, Parodie, Film de monstre
- Genre : Cinéma
Des musts absolus pour les collectionneurs d’affiches, en particulier pour ceux qui aiment les nanars d’exploitation éhontés.
L’avis du rédac’ en chef : Collectionneur invétéré d’affiches de cinéma bis depuis les années 80, c’est avec un plaisir fou que j’ai accueilli les trois ouvrages d’anthologie consacrés aux visuels les plus forts du cinéma d’exploitation, de ceux, rares de par le peu de copies qui ont circulé dans les salles des années 70 et 80, qui s’arrachent à prix élevé sur les sites des collectionneurs. Beaucoup de ces productions chiches ont circulé dans des cinémas de quartier, d’autres exclusivement en province, parfois avec une nouvelle appellation et une affiche différente. Parfois, certains de ces navetons parvenaient à obtenir des sorties salle d’envergure (les sorties Cannon Inc pour les actioners ratés des années 80 qui remplissaient le compte en banque de Menahem Golan et Yoram Globus) ; et l’on pouvait dévorer goulûment les visuels, sur les murs des cinémas, en format panneau, ou en 4X3 dans le métro, ou en pantalon, sur les portes des magasins parisiens.
Un autre temps que la vidéo chassa des salles pour en récupérer l’exclusivité. Les téléfilms pourraves des années 90 chez Delta Vidéo ont été suivis des requins dantesques post Shark Attack, via les sociétés Asylum ou Nu Image, au début de l’ère du DVD.
Editeur : Huginn & Muninn
Pour le troisième ouvrage, consacré aux coquineries des années 70 et 80, l’on citera aussi la contribution du magazine Vidéo 7 et de son fameux cahier X pour installer durablement dans l’esprit des adolescents les visuels des parodies X qui s’emballaient autour des succès salles (RamboX) ou télé (Dallax et sa suite bavaroise).
Sans internet ni application de trocs comme Ebay ou Le Bon Coin, on ne s’ennuyait pas dans ces années-là où les acharnés comme moi devaient parcourir les cinémas et magasins pour trouver les visuels les plus spectaculaires d’occasion. A chaque fois, les VHS dissimulaient des produits fauchés qui n’avaient à offrir qu’un titre putassier et une affiche grotesque, et donc jubilatoire, pour palier le manque réel de moyens et surtout de talent.
Les affiches regorgeaient de bikinis en danger et de crocs plus exagérés qu’acérés, pour les films de requins, d’hommes à la musculature saillante à en arracher les manches, à la suite du succès de Rambo, et évidemment de symboles phalliques en tous genres dans les parodies X des succès du box-office, qui n’avaient que le mauvais goût du sexe bon marché à offrir aux puceaux, pourtant à une époque où, depuis 1975, la nudité régnait suite à l’abdication de la censure.
Editeur : Huginn & Muninn
Bad Requins (29.95 euros), compilation d’Alexis Prevost, Claude Gaillard et Fred Pizzoferrato, est un manifeste aux visuels spectaculaires des films d’agressions animales. Luxueux ouvrage de 220 pages postes, avec un nanar de requins qui touche le fond de l’océan en bonus (Sharkenstein), le livre couleur est constitué de texte critique et hilare, de passionnés, mais surtout de centaines d’affiches, teasers, de différentes nationalités, une variété de monstruosité excitante que le grand public découvrira avec étonnement, ou que les vrais connaisseurs seront heureux de retrouver pour la première fois au sein d’un même ouvrage. L’on baigne dans Les Dents de la mer et ses suites, mais aussi dans les copiés-collés italiens des années 80, comme La mort au large, pour le plus célèbre, sans oublier les rejetons tardifs : les squales des années 2000 et 2010, qu’ils soient de productions louables comme Peur bleue, Shark 3D, The Meg, ou variations nullissimes autour des requins géants, volants, mutants, des sables, des neiges... C’est vraiment très complet.
Les auteurs n’oublient pas les déclinaisons animales : le poulpe de Tentacules et d’Apocalypse dans l’océan rouge de Lamberto Bava, mais aussi l’alligator, le barracuda et autres épaulards sont de sortie, pour des visuels excitants d’imagination. Avec des interviews des réalisateurs Joe Alves (Jaws 3), Renny Harlin (Peur Bleue) et de l’actrice, Lorraine Gary (Ellen Brody, l’épouse de Roy Scheider dans Jaws 1, 2 et 4, le travail de fan relève du délire poussé à son paroxysme, quand on retrouve en toute fin les objets de marketing (BD, jouets Mattel, jeux vidéo ultra pixelisés) qui ont jalonné les sorties de ces films d’anthologie.
Bad Requins, l’histoire de la Sharksploitation est une merveille pour amateurs d’illustrations démentes et de délires mensongers capables de remplir le vide abyssal de séries Z, avec des titres à rallonge qui justifient à eux seuls l’existence de ces objets qualitativement discutables, voire insupportables.
Editeur : Huginn & Muninn
Dans l’enfer vert de la Rambosploitation (24.95 euros)
Le format est moindre curieusement, le nombre de pages aussi, mais on retrouve un DVD accompagnateur (Ultime combat, qui donne son visuel à la couverture), et le plaisir est indemne face à autant de raretés, de visuels quasi introuvables. J’y retrouve même des trésors de ma caverne d’Ali Baba que je pensais être le dernier à posséder sur cette planète streaming.
Le succès de Rambo, immortalisé par l’illustrateur Casaro, a été à l’origine d’une déferlante de piètres films de guerre ritals, américains, européens, où les armes phalliques, les explosions atomiques et arrière-plans exotiques, donnaient du punch à des avortons cinématographiques, dont le seul intérêt résidait probablement dans les doublages volontairement hilarants qui alimentent encore aujourd’hui le site Nanarland et ses nuits iconiques. Là encore d’inlassables DTV ou exclusivités vidéo, productions Cannon (tous les films de Ninja, American Warrior, Portés Disparus...) et micro-produits qui sortaient dans des salles des quartiers populaires parisiens (le Trianon...) s’affichent page après page, en VO ou VF, au milieu de commentaires érudits. Le régal est de chaque instant alors que l’on retrouve des affiches signées par Melki ou Sciotti, deux autres maîtres du cinéma mensonger des années 80.
Le bouquin est incontournable !
Les pires parodies X sont souvent les meilleures (24.95 euros)
L’ouvrage, du même format que celui sur les frangins de Rambo perdus au Vietnam, contient pas moins de 100 pages de plus. 250 au total. C’est énorme, pour cette anthologie d’obscénités drôlissimes qui nous ressort les affiches rares de James Bande 00 Sex, Godefinger, Chestbusters, Xterminator, Dallax et autres grivoiseries quasiment invisibles aujourd’hui. Il est vrai que cet ouvrage est encore plus rare et méconnu dans son contenu, puisqu’il s’agit essentiellement de jaquettes vidéo qui contournaient les grands succès du cinéma pour en faire des hits en vidéo-clubs, et satisfaire les érotomanes un peu tordus (le DVD proposé en bonus s’intitule Playmates of the Apes, nanar où l’on trouve sur la jaquette une femme guenon qui devrait faire passer un sacré quart d’heure zoophile à ses messieurs). Du pur bis, du pur nanar, en tout cas sur la jaquette qui vendait du n’importe quoi, comme c’ était souvent le cas à cette époque où l’on se prenait rarement au sérieux dans ce type de commerce. On nageait en fait dans la comédie volontaire.
Conan devient ici Barbara la Barbare, Roger Rabbit est rebaptisé Who reamed Roger Rabitt (en gros qui a léché l’anneau de R.R.)... L’imagination des producteurs et des éditeurs est sans limites, comme nous le démontre ce troisième ouvrage d’une collection insensée qui nous renvoie dans des décennies de déconne internationale, celui de l’avant-mondialisation, quand tout le monde pouvait faire à peu près n’importe quoi du fond de son terroir miteux, sans risquer un procès pour plagiat douteux.
Ce troisième bouquin est par ailleurs interdit aux moins de 18 ans.
Editeur : Huginn & Muninn
Editeur : Huginn & Muninn
Galerie photos
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