De l’ombre il y a
Le 26 août 2018
Un film coup de poing courageux et exigeant, qui décrit, sans fard et sans compassion, les décombres humanitaires dans un Cambodge qui peine à se relever des affres de son histoire.
- Réalisateur : Nathan Nicholovitch
- Acteurs : David D’Ingéo, Panna Nat, Viri Seng Samnang
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Français
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 19 septembre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2015
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– Année de production : 2015
– Présent à Cannes, dans le cadre de l’acid, en 2015, sous le titre De l’ombre il y a
Résumé : Mirinda, un Français prostitué, vit au jour le jour dans les faubourgs de Phnom Penh. Une existence faite d’excès et d’espoir, dans une ville toujours marquée par son passé Khmer rouge. Sa rencontre avec Panna, une petite fille livrée à elle-même, va bouleverser son équilibre et lui donner le courage de se transformer encore.
Notre avis Ben alias Mirinda aspire à changer. Il veut faire peau neuve. Il pense même s’offrir les services d’un chirurgien esthétique. Mais c’est trop cher pour le prostitué qu’il est. Car son corps est défait. Défait certes à cause de l’âge, mais surtout à cause des excès de drogues, de fêtes, d’alcool, et de sexe qu’il lui fait subir chaque soir. Quand il ne tapine pas dans une boîte sombre de Phnom Penh, il se réfugie dans sa baraque de fortune où il dort nu, contre son amant alcoolique et pauvre. Voilà le décor posé de ce nouveau film de Nathan Nicholovitch, réalisateur nortamment de Casa Nostra. Le cinéaste ne veut pas faire dans la dentelle. Il installe sa caméra dans les faubourgs les plus sombres de la capitale du Cambodge, avec cet homme qui se travestit et tout ce petit peuple de misère qui survit, au milieu de quelques touristes, en vendant des nouilles ou leur corps.
- © D’un Film à l’autre / France Télévision - New Story Distribution. Tous droits réservés.
Avant l’Aurore est une invitation sans complaisance au Cambodge, où l’on pressent partout les fantômes des Khmers rouges qui continuent de hanter esprits et mœurs. A la sauvagerie des génocidaires a succédé la brutalité des mafias et des proxénètes. On ne connaît pas vraiment d’ailleurs les raisons qui ont conduit Ben à s’installer sur ce territoire. On imagine peut-être que son travestissement en Mirinda est plus aisé à assumer au Cambodge. On sait aussi qu’il a sympathisé avec une inspectrice du Tribunal Pénal International, chargée de retrouver de puissants tortionnaires de l’époque communiste. En quelque sorte, le réalisateur déroule autant le récit de ce prostitué français à la conquête du bonheur que celui d’un pays tout entier qui doit se repentir des errements de son histoire. La photographie absolument superbe, quand elle se détourne de ces tristes humanités, s’attache à retrancrire rizières, rivières et villes, comme à chaque fois, offrant un clin d’œil de poésie au milieu de la détresse du peuple.
- © D’un Film à l’autre / France Télévision - New Story Distribution. Tous droits réservés.
Puis, en presque milieu de film, survient cette petite fille, sortie de nulle part, murée dans un silence effrayant, qui vit de mendicité et de prostitution. Si l’incipit fait craindre un récit brouillon à coup de successions de séquences sur la vie ordinaire de Mirinda, très vite, le long-métrage s’étoffe d’une véritable cohérence narrative, centrée particulièrement sur la relation entre Mirinda et cette fillette des rues. Le réalisateur choisit le réalisme tranchant pour décrire l’existence de ces enfants perdus. Il montre la crudité des automutilations, des violences sexuelles exercées en leur endroit, il ne cherche pas à ménager le spectateur face à une réalité évidemment dérangeante. Le film devient alors un chant militant et engagé en faveur d’un pays dont on ressent immédiatement l’attachement de l’auteur.
- © D’un Film à l’autre / France Télévision - New Story Distribution. Tous droits réservés.
Il faut naturellement saluer l’interprétation très juste des acteurs a priori pour la grande majorité non professionnels et issus du Cambodge. David d’Ingéo qui avait déjà tourné pour Nathan Nicholovitch dans son premier long-métrage Casa Nostra colle parfaitement à la peau de son personnage à la fois profond et désinvolte, détruit et radieux de vie. Quant à la petite fille, Viri Seng Samnang, elle illumine le film de pudeur, de détresse et de beauté. On imagine sans peine le travail de conduite d’acteurs que le réalisateur a dû engager auprès des comédiens non professionnels, cambodgiens, d’autant que la réalisation choisit le parti pris du docu-fiction pour donner à voir la reconstruction de tout un peuple qui attend enfin que l’aurore s’éveille sur les hauteurs de Phnom Penh. Nathan Nicholovitch est sans aucun doute un réalisateur à suivre de très près.
- © D’un Film à l’autre / France Télévision - New Story Distribution. Tous droits réservés.
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